Le 28 juin 2018, Sébastien Lecornu, le secrétaire d’Etat auprès du ministre français de la Transition écologique et solidaire, a lancé son plan de mobilisation (« Place au soleil ») pour le déploiement de l’énergie solaire. Actuellement, la puissance photovoltaïque installée en France ne représente que 8 GW (soit 6 % du total de la capacité électrique du pays et moins de 2 % de la consommation). Outre la mobilisation de moyens financiers, le développement du solaire nécessite des superficies disponibles pour la pose des panneaux photovoltaïques (principalement des toitures et du foncier). L’Ademe estime que 350 GW (ce qui correspond à 3 600 km2 ou 34 fois la superficie de Paris) peuvent être mobilisés sur les toitures, tandis que le Cerema (Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) évalue le potentiel au sol à 775 GW. L’écart entre le potentiel et la réalité est donc considérable.
Profitant de cet événement, Total a annoncé son intention d’installer 10 GW d’ici à dix ans en équipant ses friches industrielles et ses stations-service en France. Ces espaces tardent cependant à être exploités. A une question posée par un actionnaire lors de l’assemblée générale de 2015, le président du groupe, Patrick Pouyané, avait ainsi répondu que 12 stations étaient équipées de panneaux photovoltaïques en France. Puis, au début de 2017, la société a annoncé le déploiement d’un plan pour équiper 800 de ses quelque 3 500 stations françaises (voir IE). La marge de manœuvre reste donc importante et l’objectif ne devrait pas être trop difficile à atteindre. Pour autant, cela reste un effort modeste par rapport aux besoins du pays (estimés à 100 GW selon les professionnels) pour réduire à 50 % la part du nucléaire en France.
De son côté, l’Inde semble vouloir mettre les bouchées doubles dans ce domaine. Raj Kumar Singh, le ministre de l’Energie, a ainsi déclaré, lors de l’inauguration d’une centrale solaire le 21 juin, que son gouvernement allait procéder à une enchère unique pour l’achat d’électricité d’origine photovoltaïque correspondant à une capacité totale de 100 GW. Cet appel d’offres comprendra la fabrication des équipements et des unités de stockage. Le gouvernement n’a toutefois pas précisé sa date de lancement. Le pays est certes immense et ses besoins sont gigantesques (la puissance électrique installée devrait presque doubler entre 2016 et 2027), mais cette annonce témoigne aussi d’une accélération (salutaire) du pays dans la voie des énergies renouvelables. Au cours de la même réunion, Raj Kumar Singh a du reste indiqué que son pays dépasserait sans difficulté l’objectif qu’il s’est fixé d’ici à 2022, soit disposer d’une puissance cumulée de 175 GW d’origine renouvelable.