Selon le Financial Times, le gouvernement britannique devrait bientôt introduire une loi obligeant les plus grandes sociétés privées du pays à publier le rapport entre la rémunération médiane des salariés et celle du directeur général. Cette loi s’inspirera de celle adoptée en 2015 par les Etats-Unis (pay ratios, ratios d’équité) et qui s’applique pour la première fois cette année après avoir été longtemps combattue par les organisations représentant les intérêts du monde des affaires. Les arguments de ces organisations étaient que la mesure allait constituer une charge administrative supplémentaire, stigmatiser inutilement les entreprises et qu’elle aboutirait, somme toute, simplement à révéler à la moitié des collaborateurs qu’ils se trouvaient dans la partie des salariés les moins bien payés. Bien que les investisseurs de la mouvance responsable aient largement soutenu l’entrée en vigueur de cette loi, la communauté financière reste mitigée sur la mesure, d’une part parce que les sociétés bénéficient d’une grande liberté pour calculer ces données et d’autre part, parce que les informations restent complexes à interpréter et qu’elles permettent difficilement de comparer les entreprises entre elles.
Notons toutefois que certaines grandes villes américaines, comme Portland (Oregon), ont mis à profit cette législation pour appliquer une taxe supplémentaire sur les bénéfices des entreprises dont le pay ratio dépasserait 100. En outre, la tendance qui incite les fonds ISR à mesurer leur impact sociétal encourage l’émergence des données, comme le montrent les recommandations intégrées au label ISR publié en janvier 2016 par le gouvernement français. La communication de ces informations pourrait aussi encourager les conseils d’administration (CA) à commenter et justifier ces chiffres. Du reste, le projet britannique exigera également des CA qu’ils démontrent que les activités de l’entreprise ont été menées dans l’intérêt non seulement des actionnaires, mais aussi des salariés, des fournisseurs et des clients.