Depuis une trentaine d’années, la tendance incitant les donneurs d’ordre à élargir leur champ de responsabilité sociale et à garantir aux salariés de leurs sous-traitants l’accès aux droits sociaux élémentaires (droits syndicaux, sécurité, rémunération décente…) a pris beaucoup d’ampleur. Et depuis plusieurs jours, les Stambouliotes trouvent dans les poches des vêtements vendus dans les boutiques de l’enseigne Zara d’Istanbul des messages d’ouvriers turques leur demandant de faire pression sur la marque, afin que les salaires qui leur sont dus soient payés. Cette campagne est appuyée par une pétition en ligne. En effet, Bravo Tekstil, une usine turque fabriquant des vêtements pour Zara, a brutalement fermé ses portes en juillet 2016, laissant 140 ouvriers sans emploi et avec trois mois de salaire et diverses compensations impayés (2 739 281 livres turques, soit 600 000 euros environ). Le directeur de l’usine a quant à lui pris la fuite. Après un an de négociations avec la fédération syndicale internationale IndustriAll et l’ONG Clean Clothes Campaign, Zara a accepté d’indemniser les ouvriers, mais seulement à hauteur d’un quart de ce qui leur était dû. Finalement, devant l’ampleur de la campagne d’opinion, Zara a annoncé, début novembre, qu’elle négociait avec IndustriAll et deux autres clients de Bravo Tekstil – Mango et Next –, la constitution d’un fonds qui devrait permettre de couvrir l’intégralité des sommes impayées.