Le Darfour, une région située dans l’ouest du Soudan, est affectée par un conflit meurtrier depuis 2003. Certaines sources estiment que plus de 300 000 personnes ont été tuées depuis cette date, dont de très nombreux civils. On dénombre aussi 2,7 millions de personnes installées dans des camps au Soudan et au Tchad, car elles ont fui les combats et les exactions commises par des groupes de miliciens. Les Etats-Unis ont qualifié de génocide les attaques contre les populations civiles. De son côté, l’ONU a parlé de crime contre l’humanité. Devant l’inaction du gouvernement de Khartoum pour empêcher ces violences et son soutien présumé aux milices armées, une partie de la communauté internationale a fait pression sur les groupes pétroliers (en particulier sur le canadien Talisman Energy et le chinois PetroChina) et sur les banques (voir IE n° 148) pour qu’ils se retirent du Soudan et qu’elles ne financent plus le régime en place. En 2003, Talisman a décidé de partir. Présente dans le pays depuis le début des années 80, la compagnie pétrolière Total a préféré faire profil bas et ne laisser sur place qu’une équipe réduite, échaudée par la campagne d’opinion internationale dont elle avait fait l’objet dès le milieu des années 90 pour sa présence en Birmanie et inquiète de l’instabilité due à la persistance du conflit armé dans la région. Aujourd’hui, le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, veut exploiter ses ressources pétrolières. Mais Total estime que la situation sécuritaire ne permet pas le démarrage des travaux d’exploration sur les blocs dont il détient les droits. Une attitude qui ne satisfait pas le gouvernement sud-soudanais qui menace retirer ses licences à l’entreprise si elle ne démarre pas ses opérations d’exploration…