L’association Carbon Tracker, en collaboration avec les Principles for Responsible Investment (PRI) et plusieurs investisseurs institutionnels – dont le Fonds de réserve pour les retraites français (FRR) –, a publié le 21 juin une étude mettant en évidence la part « inutile » des projets d’exploration et de production prévus par 69 compagnies pétrolières et gazières (les 68 plus importantes sociétés cotées, auxquelles s’ajoute Saudi Aramco). Pour ses calculs, le rapport se réfère au budget carbone disponible d’ici à 2035 pour le secteur pétrolier dans le cadre du « scénario 450 » établi par l’Agence internationale de l’énergie (320 Gt). Ce scénario est compatible avec un objectif visant à contenir, avec une probabilité de 50 %, l’augmentation de température de la planète à 2 °C. L’étude montre que sur la base des dépenses d’investissement (CAPEX) actuellement envisagées par ces 69 sociétés d’ici à 2025, leurs émissions cumulées de GES devraient atteindre 380 Gt d’ici à 2035, soit un excédent de 60 Gt par rapport au scénario 450. Cela conduit les auteurs à considérer qu’une partie de ces CAPEX est incompatible avec ce scénario. Ils évaluent ces dépenses « gaspillées » à 2 300 milliards de dollars sur un total de 7 200 milliards prévus. Le rapport classe les compagnies en fonction de la part de CAPEX qu’elles sont ainsi susceptibles d’engager inutilement. Il estime, par exemple, que cette part s’établit entre 30 % et 40 % pour la société française Total.