Le système communautaire d’échange de quotas d’émissions (SQECE), mis en place en 2005, est critiqué pour le faible surcoût de la tonne de carbone qu’il génère (5 euros environ la tonne), ce qui n’incite guère les entreprises à réduire leur impact sur le climat. Pour pallier ce dysfonctionnement, la Commission a engagé une réforme du marché visant à baisser le plafond annuel de quotas. Dans ce contexte, soixante-seize patrons d’entreprises sidérurgistes, dont Aditya Mittal (ArcelorMittal Europe) et Philippe Crouzet (Vallourec), ont adressé le 29 mai une lettre ouverte aux chefs de gouvernement de l’Union européenne afin de les mettre en garde sur un durcissement exagéré du marché carbone européen qui mettrait en péril la compétitivité de leur industrie et encouragerait les délocalisations. Selon un rapport, publié lui aussi le 29 mai, de la High-Level Commission on Carbon Prices, un groupe d’économistes conduits par le prix Nobel Joseph Stiglitz et Nicholas Stern, seul un marché mondial du carbone fixant un prix de la tonne de carbone de 40 à 80 dollars d’ici à 2020 et de 50 à 100 dollars d’ici à 2030 inciterait les entreprises et les Etats à adopter des mesures susceptibles de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. Cette solution, qui demanderait une véritable volonté politique, permettrait en outre d’éviter la concurrence d’entreprises issus d’Etats ne mettant pas en œuvre une politique climatique, comme le redoutent les sidérurgistes.