En avril 2016, une équipe de scientifiques a confirmé l’existence d’un récif corallien unique dans le bassin de l’Amazone, « une des découvertes les plus importantes des dernières décennies en matière de biologie marine ». Ce constat figure dans un rapport récent de l’association écologiste Greenpeace. Or en 2013, l’agence pétrolière brésilienne a attribué sept concessions d’exploration pétrolière à proximité du récif, dont cinq à Total en partenariat avec la compagnie brésilienne Petrobras, actuellement empêtrée dans un vaste scandale de corruption, et le britannique BP. Les sociétés pétrolières ont réalisé trois études d’impact environnemental. De son côté, Greenpeace a publié le 24 mai une analyse critique et documentée de ces études qui remet en question leurs conclusions et alerte sur les risques graves qu’une exploitation de ces gisements ferait courir à cette découverte exceptionnelle. Lors de l’assemblée générale du groupe pétrolier français, le 26 mai dernier, l’association a posé plusieurs questions écrites au président du conseil d’administration, Patrick Pouyanné, afin d’obtenir des éclaircissements sur la maîtrise des risques écologiques liés au projet, sa pertinence économique au regard des objectifs du groupe en matière de rentabilité (60 dollars le baril) et sa compatibilité avec les engagements pris par l’entreprise dans le cadre de l’accord de Paris. Des questions et un message sous-jacent qui s’adressent aussi, et peut-être en premier lieu, aux investisseurs.