La Thaïlande est régulièrement pointée du doigt pour le traitement des migrants fuyant la pauvreté des pays transfrontaliers. En juin 2014, The Guardian révélait les pratiques d’esclavage dans le secteur de la pêche. Sous la pression de la communauté internationale et en particulier des Etats-Unis, le gouvernement thaïlandais a été conduit à légiférer sur la question (voir Impact Entreprises n° 207). Après la pêche, c’est donc au tour de l’élevage d’être sur la sellette. Soutenus par le Migrant Worker Rights Network (réseau d’aide pour les migrants birmans opérant principalement en Thaïlande), quatorze anciens migrants birmans ont porté plainte contre le principal producteur de poulets du pays, Betagro, client de la ferme-usine dans laquelle ils travaillaient dans des conditions d’esclavage. Selon leurs déclarations, les journées de travail pouvaient atteindre vingt heures, leur passeport était confisqué et leur salaire bien inférieur aux minima légaux. L’isolement des usines, la dissimulation des cas de non-conformité, mais également une attention plus axée sur la qualité sanitaire que sur le respect des droits des travailleurs, selon Kalle Bergbom (chercheur à Swedwatch, une organisation indépendante étudiant les relations commerciales de la Suède avec les pays en développement), avaient jusque-là permis aux industriels de l’élevage d’échapper à la surveillance internationale. Avec cette plainte, les pratiques ont été révélées directement par les employés de ces entreprises, ce qui pourrait inciter d’autres victimes d’abus à lever le voile sur l’opacité de l’industrie agroalimentaire thaïlandaise.