Au Brésil, la grande distribution française s’affronte sur fond de soupçons de corruption

En 2005, le groupe Casino avait participé financièrement à la stratégie de développement du premier groupe de distribution brésilien Grupo Pão de Açúcar (GPA), dans lequel il détenait une participation depuis 1999. En échange, le distributeur français avait obtenu la garantie qu’il prendrait le contrôle de GPA en 2012. Or Abilio Diniz, fils du fondateur de GPA et partenaire de Casino dans cette affaire, avait décidé unilatéralement de procéder à une fusion entre son groupe et Carrefour, projet divulgué par la presse en mai 2011. Un bras de fer s’était alors engagé entre Abilio Diniz et Casino, dont le groupe était sorti vainqueur en juin 2012. Et ce d’autant plus que la BNDES (banque nationale de développement brésilienne), pièce maîtresse du projet de fusion de GPA avec Carrefour, avait renoncé à son soutien financier. Plus récemment, à la fin du mois de juin 2015, la justice brésilienne a lancé une investigation à l’encontre de Carolina Pimentel, l’épouse du gouverneur du Minas Gerais, Fernando Pimentel, afin de vérifier que les quelque 4 millions de reais qu’elle a reçus de la part de plusieurs sociétés ne correspondaient pas en réalité à des pots-de-vin destinés à son mari. Parmi ces sommes, 362 800 reais (environ 105 000 euros) auraient été versés par Casino entre avril et juillet 2012. Or, à cette époque, Fernando Pimentel n’était autre que le ministre du Développement, de l’Industrie et du Commerce extérieur, en charge de la tutelle de la BNDES. Depuis quelques jours, une autre affaire de corruption vise cette fois Abilio Diniz. Celui-ci aurait versé 8 millions de reais à des personnalités politiques entre 2009 et 2012, une période durant laquelle il était encore à la direction de GPA. Le comité d’audit de GPA, qui a rendu public un rapport le 7 juillet, indique qu’il n’est pas en mesure de justifier le bien-fondé de ces versements. Abilio Diniz est aujourd’hui le quatrième actionnaire du groupe Carrefour avec 5,1 % du capital.