Depuis plusieurs années, ONG et scientifiques contestent l’approche selon laquelle les agrocarburants permettraient de réduire les rejets de GES dus au transport (utilisation massive d’engrais, surestimation de la compensation des émissions due à l’absorption du CO2 lors de la croissance des plantes, compensation qui existerait de toute façon si les terres étaient utilisées pour d’autres cultures…). L’affectation des terres à la production d’agrocarburants réduit en outre les terres disponibles pour l’alimentation humaine, provoquant des tensions sur les prix des denrées, amenant les populations à rechercher d’autres terres cultivables et accentuant finalement le processus de déforestation. Ce cri d’alarme a même été relayé par des géants de l’agroalimentaire (comme Nestlé) qui voient dans les agrocarburants dits de première génération (produits à partir de cultures alimentaires) un concurrent qui fait grimper le prix de leurs matières premières (voir Impact Entreprises n° 155). L’Union européenne, qui s’était fixé en 2009 un objectif de 10 % d’énergie renouvelable dans les transports d’ici à 2020, devrait limiter les agrocarburants de première génération à 7 % de la consommation énergétique finale, puisqu’un compromis a été conclu le 14 avril entre le Parlement et le Conseil. La mesure ne devrait, toutefois, pas favoriser la reconversion en agro-raffinerie du site de La Mède récemment annoncée par le groupe Total. Les défenseurs de l’environnement et de la sécurité alimentaire sont néanmoins déçus, dans la mesure où cet accord ne promeut pas assez les agrocarburants les plus durables et ne tient pas compte des changements indirects de l’affectation des sols (facteur CIAS). Les fournisseurs de carburants devront toutefois établir un rapport sur le niveau estimé des émissions dues au CIAS.