Le 4 novembre dernier, France 2 a diffusé un nouveau numéro de son émission mensuelle Cash Investigation (suivie par plus de 3,6 millions de téléspectateurs), qui montrait les conditions sociales et environnementales dans lesquelles la plupart des téléphones portables étaient fabriqués. Au cours du reportage, la journaliste Elise Lucet s’est rendue au Cercle des armées où un déjeuner était organisé autour de François Quentin, le président de Huawei France, afin d’interviewer celui-ci, preuves à l’appui, à propos d’enfants de treize ans travaillant dans une usine fabriquant des pièces pour les appareils du groupe chinois. Pris au dépourvu, le dirigeant a refusé de répondre à la journaliste et quitté le Cercle très agacé. Il a de nouveau réagi le lendemain au cours des Assises de l’industrie organisées par L’Usine Nouvelle en indiquant qu’à la suite d’une enquête interne, les liens commerciaux avaient été rompus avec l’usine incriminée dès le mois de mai et en ajoutant qu’il avait « activé tous [ses] réseaux et [que] Madame Lucet [n’aurait] plus aucun grand patron en interview ». Ces déclarations ont déclenché le buzz sur les réseaux sociaux. Face au tollé, François Quentin est revenu sur ses propos le 8 novembre, exprimant des regrets pour ses paroles, et son respect pour le travail journalistique de l’équipe. Ce revirement tardif ne parviendra sans doute pas à effacer les effets de cette communication désastreuse. Nike, au début des années 90, avait mis plusieurs années avant d’instaurer une politique sérieuse de lutte contre les mauvaises conditions de travail des ouvriers de ses sous-traitants asiatiques. Ses dénégations à l’époque ont laissé des traces sérieuses dans l’opinion.