L’espace maritime est un lieu où les droits des gens de la mer sont précaires, voire inexistants. L’affaire des migrants réduits en esclavage sur des navires thaïlandais auprès desquels s’approvisionne CP Foods, premier producteur mondial de crevettes, nous rappelle avec brutalité qu’en 2014, cette situation est encore une réalité. Plus largement, l’OIT considère qu’aujourd’hui, ce sont plus de vingt millions de personnes qui, dans le monde, sont victimes de travail forcé. Mais ces formes extrêmes de mépris des droits sociaux, qu’il s’agisse de travail contraint ou de travail des enfants, ne sont que les maillons les plus révoltants d’une chaîne logique. Ce n’est pas par plaisir que de jeunes enfants travaillent dans les champs, les hôtels, les ateliers de confection ou les mines, mais bien souvent parce que leurs parents n’ont pas les moyens de subvenir seuls aux besoins de la famille. D’où l’importance du plaidoyer mené depuis plusieurs décennies par les défenseurs des droits de l’Homme au travail à propos du salaire de subsistance, lui-même fortement lié à la question de la durée de travail. Une amélioration sensible des conditions de travail dans la chaîne d’approvisionnement ne pourra être toutefois enregistrée sans un renforcement de la capacité des travailleurs à défendre eux-mêmes leurs droits. Une option que semblent encore négliger les donneurs d’ordre qui, bien souvent, appuient leur démarche de contrôle de la chaîne d’approvisionnement sur les seules vérifications externes, même si celles-ci ont montré leurs limites.