Pour la troisième année consécutive, le rapport sur les risques globaux publié par le Forum économique mondial en marge de son assemblée annuelle de Davos indique clairement que les disparités de revenus représentent le risque majeur le plus susceptible de se produire. La question des inégalités n’est pas nouvelle, et dans une société globalisée, la recherche non satisfaite d’une meilleure distribution des richesses associée à une quête d’identité et de repères génère sans surprise sa fragmentation et son instabilité. Ce qui est nouveau, ce sont les débats autour des dangers que cette situation fait courir à l’économie mondiale, débats renforcés cette année par une étude décapante de l’association Oxfam sur l’accroissement des inégalités économiques dans le monde. La faible réactivité de la communauté économique à cet égard témoigne des progrès qui lui restent à accomplir pour “ aligner ” ses intérêts sur ceux des communautés et entendre les signaux de la société sur des sujets qui constituent les bases d’un développement durable. Cela étant, les entreprises semblent vouloir davantage s’immiscer dans les affaires sociales de certains pays, comme le montre la lettre récemment adressée par certaines d’entre elles au Premier ministre cambodgien pour lui demander des explications sur les heurts sanglants qui se sont produits entre police et manifestants en début d’année, alors qu’aucune démarche similaire n’avait été relevée en 2012, après les affrontements meurtriers survenus entre la police et les mineurs sud-africains.