Le One Ocean Summit s’achève, et Renault rejoint l’appel à un moratoire mondial sur l’exploitation minière des grands fonds marins

Souhaité par le président français Emmanuel Macron, le One Ocean Summit s’est déroulé à Brest du 9 au 11 février 2022. C’était la première conférence internationale de cette ampleur à être intégralement consacrée à la sauvegarde des océans. Et il en fallait une, tant les sujets qui concernent les vastes étendues marines qui couvrent notre planète sont nombreux et préoccupants. Ils touchent la pêche (surpêche, pêche illégale, protection de la pêche artisanale…), les pollutions (par les plastiques, accidentelles, dues aux activités…), l’exploitation minière et pétrolière, la pollution acoustique, la création d’aires marines protégées, etc. À l’issue de la conférence, une quarantaine d’États, parmi les plus mobilisés, se sont engagés sur plusieurs thèmes.

Ainsi, trente nouveaux pays ont rejoint la coalition qui vise à protéger 30 % des terres et des mers du monde d’ici 2030. Leur nombre est désormais porté à quatre-vingt-quatre. Plusieurs initiatives ont été prévues pour lutter contre la pollution aux plastiques (mise à disposition de financements, élimination des plastiques à usage unique, etc.). Des actions ont été annoncées pour mettre un terme à la pêche illégale et, notamment, relancer et permettre la ratification de l’accord du Cap avant la fin de l’année. Quelques propositions et décisions ont été prises pour limiter la pollution atmosphérique liée à l’activité du transport maritime (gaz à effet de serre, émissions de soufre). Des mesures qui ont pour but d’améliorer la connaissance des fonds sous-marins ont également été dévoilées. L’ambition de parvenir à un traité international pour réglementer les activités en haute mer (en dehors des juridictions nationales) dès cette année a été affirmée.

Néanmoins, les associations écologistes, présentes ou non à ce sommet, ont exprimé leur déception. Plusieurs sujets importants ont à peine été abordés. L’association Greenpeace suspecte aussi fortement que « derrière la volonté d’exploration des eaux profondes pour l’amélioration de la connaissance se cache bien le souhait de pouvoir exploiter ces grands fonds pour en extraire des métaux et minerais, comme cela est explicité dans la Stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins ». L’exploitation des ressources minérales en haute mer se révèle, en effet, comme un nouvel eldorado, en particulier pour les minerais indispensables aux nouvelles technologies et aux énergies renouvelables.

Début 2021, plusieurs entreprises ont rejoint un appel lancé par de nombreuses associations et personnalités pour un moratoire mondial sur l’exploitation des grands fonds marins (IE n° 343). Ainsi, ces firmes se sont engagées à exclure de leurs chaînes d’approvisionnement les minéraux issus des eaux profondes et à ne pas financer les activités minières des grands fonds marins tant que les alternatives (réduction de la demande de métaux primaires, transition vers une économie des matériaux en boucle fermée et économe en ressources, développement de pratiques minières terrestres responsables) ne seront pas suffisamment traitées. Le groupe français Renault ne figurait pas parmi les premiers signataires de cette déclaration. À la question écrite posée par un actionnaire lors de l’assemblée générale de la société, le 23 avril 2021, le conseil d’administration avait simplement répondu qu’il menait « actuellement une réflexion sur ce sujet » (IE n° 351). Cependant, le 9 février, jour d’ouverture du One Ocean Summit, l’entreprise a confié à Reuters qu’elle avait rejoint les dix autres signataires de la déclaration : BMW, Samsung, Google, Volvo, Philips, Volkswagen, Scania, Triodos Bank, Patagonia et Rivian.