Toujours autant de débris en plastique retrouvés dans la nature. Une manne pour certains secteurs industriels

Les déchets en plastique sont une grave source de pollution des terres et des océans, une atteinte majeure à la biodiversité. Les grandes entreprises de l’agroalimentaire et de la distribution annoncent pourtant régulièrement des mesures pour limiter ce fléau. Pour l’heure, les résultats ne sont toutefois pas au rendez-vous. Le mouvement #breakfreefromplastic réunit plus de 2 400 organisations. En 2021, pour la quatrième année consécutive, il a mis en place une collecte de déchets en plastique à travers le monde. Des milliers de volontaires ont ainsi ramassé 330 493 morceaux de plastique dans quarante-cinq pays. Les marques associées à 58 % de ces débris ont pu être reconnues. Comme lors des trois précédentes campagnes, Coca-Cola arrive en tête au palmarès des marques (19 826 morceaux récoltés, soit plus de 10 % de ceux qui ont été identifiés). Dans le classement édité par #breakfreefromplastic, la société française Danone est considérée comme la huitième entreprise qui pollue le plus avec des déchets en plastique. En 2018, elle était classée au quatrième rang. Cela ne signifie pas nécessairement qu’elle a amélioré ses pratiques, puisque pour élaborer son classement, l’organisation prend d’abord en compte le nombre de pays dans lesquels les débris des marques ont été identifiés, puis le nombre de déchets lui-même.

Quoi qu’il en soit, 3 223 morceaux de plastique arborant une marque du groupe ont été récoltés (soit 1,7 % des déchets identifiés). Pour mémoire, en février 2020, l’organisation à but non lucratif Earth Island Institute avait porté plainte auprès d’un tribunal californien contre Danone US LLC et neuf autres sociétés pour leur implication dans la pollution aux plastiques (IE n° 318). L’affaire est en cours. Le 26 juin 2020, un actionnaire avait posé une question à ce sujet lors de l’assemblée générale de la société. À l’époque, le conseil d’administration n’avait pas souhaité s’exprimer, considérant que la procédure n’en était qu’au stade préliminaire. Plus largement, les investisseurs commencent à se mobiliser sur ce thème. L’organisation américaine As You Sow avait ainsi annoncé, le 14 juin 2018, le lancement d’une plate-forme d’engagement, baptisée Plastic Solutions Investor Alliance. Une cinquantaine d’organisations en sont aujourd’hui membres.

Pour les ONG, la solution ne peut se résumer à prôner la citoyenneté des consommateurs dont les résultats sont soumis à de nombreux aléas, y compris à leur comportement. Elle ne réside pas non plus dans l’organisation plus ou moins sérieuse de la collecte et dans le développement de filières de recyclage dont on connaît les limites en matière de qualité. Elle doit passer par la réduction de la fabrication des emballages en plastique. Mais les déchets en plastique deviennent une source de matières premières intéressante et abondante pour certains secteurs industriels.

Dans une enquête révélée le 28 octobre 2021, la cellule investigation de l’agence Reuters montre comment les grands groupes de biens de consommation financent des projets d’acheminement de déchets plastiques dans les cimenteries pour y être incinérés et générer de l’énergie bon marché. Néanmoins, les opposants à cette approche soulignent que ce type de démarche ruine les efforts de recyclage et aggrave la qualité de l’air et, finalement, « déplace les décharges du sol vers le ciel ». Un autre rapport, publié le 21 octobre 2021 par le projet Beyond Plastic et conduit par le Bennington College (Vermont, États-Unis), affirme que les émissions de GES provoquées par la production de plastiques aux États-Unis devraient dépasser celles dues aux centrales à charbon d’ici 2030. La question des plastiques devrait pourtant à peine être abordée lors de la COP26.