Le géant brésilien de l’agroalimentaire JBS est peu regardant sur l’origine de sa viande

Avec un chiffre d’affaires s’élevant à 204 milliards de reais en 2019 (32 milliards d’euros), la société brésilienne JBS est l’une des plus importantes entreprises mondiales du secteur de l’agroalimentaire. Outre la famille Batista et la banque brésilienne de développement (BNDES), on trouve dans son capital la plupart des grands gestionnaires d’actifs mondiaux (BlackRock, Fidelity, Vanguard…). L’entreprise est de plus en plus pointée du doigt pour son implication dans la déforestation de l’Amazonie (voir IE) mais aussi dans le domaine des violations des droits humains. Depuis une ordonnance de 2004, le gouvernement brésilien tient à jour une liste noire (« lista suja », littéralement « liste sale ») des personnes physiques et morales considérées comme ayant maintenu des travailleurs dans un état similaire à de l’esclavage. Les entités se trouvant sur ce registre encourent des sanctions financières et, par ailleurs, ne peuvent plus bénéficier de crédits et de financements de la part d’institutions publiques et d’agences de développement régional. Elles sont inscrites sur la liste pour une période minimale de deux ans à l’issue d’une enquête et d’une procédure administrative durant laquelle elles ont la possibilité de se défendre.

Dans un rapport récent publié par l’association Repórter Brasil, plusieurs producteurs de viande sont accusés de s’être approvisionnés auprès de fermes figurant sur cette liste. JBS est visée pour avoir acheté du bétail auprès de deux de ces ranchs. L’entreprise a affirmé qu’elle avait cessé toute relation avec ces fermes mais seulement après que ces dernières ont été enregistrées sur la liste, et ce, afin de leur accorder le droit de se défendre des allégations formulées à leur encontre. Mais les organisations de défense des droits humains font remarquer que le registre ne comprend que les contrevenants qui se sont fait prendre par les inspecteurs du travail. De nombreux autres poursuivent des activités illicites, et notamment les multiples intermédiaires qui interviennent entre les éleveurs et les transformateurs de viande. De fait, l’absence de traçabilité et de contrôle par les sociétés acheteuses tout au long de leur chaîne d’approvisionnement permet à ces pratiques de prospérer.