Entreprises et ONG veulent durcir le projet de loi britannique contre la déforestation importée

Façonnée au fil des millénaires, la diversité biologique est une richesse inestimable pour notre planète. Mais elle est terriblement menacée, comme l’a montré la nouvelle étude du secrétariat de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique publiée quelques jours avant l’ouverture du sommet des Nations unies sur la biodiversité le 30 septembre à New York (IE n° 329). Les forêts en particulier, mais pas uniquement, sont une préoccupation. Celle-ci n’est pas nouvelle. Pourtant, en dépit des intentions affichées, la déforestation ne faiblit pas dans le monde. A cet égard, le gouvernement britannique prépare un projet de loi visant à rendre illégale, pour les grandes entreprises, l’utilisation de denrées présentant un risque pour les forêts et n’ayant pas été produites conformément aux lois locales pertinentes (IE n° 329). Les entreprises devront montrer qu’elles ont pris des mesures adaptées pour se conformer à cette réglementation.

Sous la pression des associations écologistes, une vingtaine de grandes entreprises (supermarchés, entreprises agroalimentaires, chaînes de restauration…) ont adressé une lettre ouverte au secrétaire d’Etat à l’environnement, à l’alimentation et aux affaires rurales, George Eustice, dans laquelle elles exhortent le gouvernement à renforcer son plan. Les entreprises indiquent qu’elles préféreraient une direction claire qui définisse des règles standards afin de ne pas avoir à naviguer dans le dédale des initiatives volontaires. Elles insistent également sur le fait que le projet de loi comporte une faille majeure : souvent, les agriculteurs des pays en développement peuvent défricher les forêts pour produire des denrées destinées à l’exportation sans enfreindre aucune loi. Les entreprises souhaitent que les nouvelles règles s’appliquent à toutes les formes de déforestation et pas seulement aux cas de destruction illégale de la forêt. Elles demandent également que la future législation concerne aussi les petites entreprises susceptibles d’importer de grandes quantités de produits, comme le caoutchouc.

Les ONG soulignent de leur côté les carences de la loi en préparation, notamment le fait que le simple respect des réglementations locales ne garantit pas des approvisionnements sans déforestation, comme l’attestent de nombreux exemples (viande de bœuf et soja au Brésil, huile de palme en Indonésie, cacao au Ghana, etc.). Par ailleurs, malgré les nombreuses preuves de menaces et de violence contre les défenseurs de l’environnement (IE n° 327) et les communautés locales, d’accaparement des terres et de pratiques de travail abusives, le texte ne fait aucune référence aux droits humains. Enfin, les ONG regrettent que la législation ne s’applique pas aux institutions financières, qui ont une grande responsabilité dans la déforestation par le biais du soutien financier qu’elles apportent aux sociétés impliquées dans ce désastre.