Certains sujets liés à la RSE, comme l’inclusion, peuvent n’être que des effets de mode. Le contexte change, et la mode passe

Au cours de ces dernières années, la question de la diversité a pris un essor considérable dans les demandes formulées par les investisseurs responsables aux entreprises étatsuniennes. Cet élan s’est accéléré à partir de 2020 avec la vague de manifestations en faveur de la justice raciale, qui a fait suite au meurtre de George Floyd par la police. Ces demandes ont donné naissance à un mouvement connu sous le nom de Diversity, Equity and Inclusion (DEI). Selon une étude de McKinsey, cette année-là, les entreprises ont dépensé environ 7,5 milliards de dollars pour des projets liés au DEI.

Mais depuis quelque temps, des réactions, y compris juridiques, ont vu le jour pour protester contre ces initiatives, reprochant à ces dernières d’avoir des effets négatifs sur la performance des sociétés (boycotts, actions juridiques, etc.). Avec l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le reflux qui découle de ces oppositions pourrait encore s’accélérer.

Le 25 novembre 2024, Walmart, le plus grand employeur privé des États-Unis (environ 1,6 million de salariés dans le pays et 500 000 en dehors), a annoncé qu’il allait limiter ses efforts en matière de DEI. L’entreprise va ainsi mettre fin aux programmes de formation sur l’équité raciale destinés au personnel et procède actuellement à une évaluation des dispositifs conçus pour accroître la diversité chez ses fournisseurs. Au cours de ces dernières années, Walmart s’est efforcé d’augmenter le nombre de fournisseurs majoritairement détenus ou gérés par une femme, une minorité, un ancien combattant ou une personne LGBTQ+.

L’entreprise passe aussi en revue ses financements au bénéfice de la Pride et d’autres événements, et surveille sa place de marché (marketplace) sur Internet pour supprimer les produits sexuels ou transgenres commercialisés auprès des enfants. Walmart a également déclaré qu’il ne prolongerait pas sa participation en faveur du Center for Racial Equity. Il s’agissait d’un engagement financier de 100 millions de dollars sur cinq ans que l’entreprise avait pris en 2020 pour s’attaquer aux causes profondes des écarts observés en défaveur des Afro-Américains dans l’éducation, la santé, la justice pénale et d’autres domaines.

Walmart est la dernière firme en date à faire marche arrière sur ses initiatives en matière de diversité face aux pressions des conservateurs. Shaun Harper est enseignant d’économie à l’université de Californie du Sud. Il est aussi le fondateur et le directeur exécutif du Race and Equity Center. Avec l’élection de Donald Trump, Shaun Harper s’attend à une élimination progressive des postes de responsable de la DEI et de directeur de la diversité au sein des sociétés, à une diminution de la formation des employés à la diversité, et à une baisse du nombre de personnes de couleur et de femmes aux échelons supérieurs des entreprises aux États-Unis. Mais les firmes qui renonceraient à cette démarche risquent de se mettre en porte-à-faux avec leurs propres collaborateurs et de nuire à leurs stratégies de rétention des talents.