Cette lettre suggère plusieurs réflexions sur la motivation des entreprises pour définir une politique élargissant leur champ de responsabilité. On entend parfois dire qu’à terme, une telle démarche est rentable. En effet, pourquoi ne pas essayer d’aligner les intérêts d’une firme et ceux de la société ? Mais ce raisonnement peut également sous-entendre que ce qui n’est pas utile pour l’entreprise ne mérite pas que l’on s’y arrête. De plus, l’utilité peut être temporaire. Le revirement de Walmart sur la diversité et l’inclusion, et la « gaffe » du directeur de Carrefour sur la qualité de la viande sud-américaine témoignent de l’inconsistance de certaines positions. La sincérité et la solidité d’une démarche se mesurent aussi à l’aune des actes. Aux États-Unis, les intentions des firmes pour intégrer les personnes LGBTQ+ dans leurs conseils d’administration patinent, et dans le monde, les promesses des majors pétrolières d’investir dans les énergies renouvelables s’enlisent. À ces constats s’ajoute la lenteur des processus. Le sommet international sur les plastiques s’est ainsi achevé le 1er décembre sans accord entre les participants. Néanmoins, certains sujets avancent, tels que la reconnaissance des peuples autochtones dans la conservation de la biodiversité et leur intégration dans la gouvernance des entreprises, ou bien la prise en charge par les Nations unies de la coopération fiscale internationale. Tout cela prend beaucoup de temps, et certains acteurs anticipent, même imparfaitement, les consensus (obligation d’un reporting pays par pays pour les sociétés dans l’Union européenne et en Australie). D’autres ne peuvent plus se permettre de temporiser. C’est le cas de Dior pour la maîtrise de sa chaîne de production.