Trois entreprises se fixent des objectifs reposant sur la science en matière de biodiversité. Un premier pas, mais il reste du chemin à parcourir

Les études qui confirment une destruction massive des écosystèmes s’accumulent. Le Stockholm Resilience Center, le Fonds mondial pour la nature (WWF), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), etc., tous nous avertissent inlassablement sur la dégradation alarmante des écosystèmes terrestres et maritimes. Mais, sur le plan politique, les mesures sont décevantes. L’Union européenne a retardé d’un an l’application de sa directive contre la déforestation importée, et la COP16 s’est achevée sans décision sur le financement de la préservation de la nature.

Pourtant, de nombreuses activités économiques dépendent de services écosystémiques ainsi que des capitaux naturels tels que le bois, la pollinisation, la fertilité des sols, la qualité de l’eau… Certains actifs souffrent déjà d’une baisse de productivité, de pénuries de ressources naturelles ou d’interruptions de production. En octobre 2023, la Banque centrale européenne a publié une étude dans laquelle elle précise que 72 % des sociétés non financières de la zone euro « dépendent de manière critique des services écosystémiques et seraient confrontées à des problèmes économiques importants en raison de la dégradation des écosystèmes ».

Le Science Based Targets Network (SBTN) a annoncé le 30 octobre 2024 que les sociétés GSK (Royaume-Uni), Kering (France) et Holcim (Suisse) avaient adopté des objectifs scientifiques en faveur de la nature. Ce sont les premières entreprises au monde à prendre de tels engagements. Ces déclarations font suite à un projet pilote lancé en mai 2023 par le SBTN pour aider les sociétés à gérer leurs impacts sur la biodiversité, les terres, l’eau douce et les océans. Le SBTN s’est d’abord concentré sur l’eau douce et les terres. Ce projet pilote réunit 17 firmes. Pour le moment, seules GSK, Kering et Holcim ont annoncé publiquement leurs objectifs. Les autres ont jusqu’en janvier 2025 pour le faire.

Kering a publié des objectifs concernant l’eau douce et les terres. Pour l’eau, elle s’est notamment fixé des limites en matière de consommation d’eau douce consommée pour ses opérations directes (tanneries, usines, etc.) et ses fournisseurs. Kering se polarisera dans un premier temps sur le bassin de l’Arno en Toscane, où se trouvent la plupart de ses tanneries et celles de ses fournisseurs. En ce qui concerne son impact sur les terres, l’entreprise vise à réduire son empreinte foncière et s’engage dans des initiatives paysagères matériellement pertinentes.

GSK a adopté un objectif pour l’eau douce de ses opérations directes. Le groupe se focalisera d’abord sur le bassin supérieur du Godavari en Inde, notamment en baissant sa consommation d’eau douce sur son site de production de Nashik, en améliorant la reconstitution des réserves hydriques grâce à la restauration de la nature et en partageant ses défis avec les parties prenantes locales. De son côté, Holcim vise une réduction de ses prélèvements d’eau douce de 39 % en ce qui concerne ses opérations directes dans le bassin du Moctezuma au Mexique d’ici 2030 par rapport à une référence calculée sur la moyenne des années 2022 et 2023.