À l’approche de la COP16 sur la diversité biologique, les Massaïs protestent contre leur expulsion des zones de conservation naturelle en Tanzanie

La biodiversité sur la planète continue de s’éroder à très grande vitesse. On relève quelques éclaircies, ici ou là, comme l’abandon du controversé projet de barrage sur le Rhône annoncé le 29 août 2014 par l’État français. Ce projet d’aménagement hydroélectrique était porté par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et devait voir le jour sur l’une des dernières zones sauvages du fleuve.

Mais les décisions et les actes visant à freiner cette érosion restent rares et/ou lents. En décembre 2022, la quinzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (COP15) a débouché sur l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. La COP16 aura lieu du 21 octobre au 1er novembre 2024 à Cali (Colombie). Les gouvernements évalueront les progrès réalisés par rapport aux objectifs fixés pendant la COP15…

Parallèlement, de nombreux États mettent en œuvre des plans pour préserver leurs espaces naturels, ne serait-ce que pour démontrer qu’ils respectent les engagements pris lors de la COP15. À ces plans, ils associent quelquefois un négoce (contesté) de crédits de compensation naturelle, parfois ils couplent ces programmes avec des projets touristiques, d’autres fois ils restreignent les droits ou déplacent les populations « gênantes ». C’est le cas pour les Massaïs en Tanzanie.

Le 22 août 2024, des dizaines de milliers d’entre eux se sont rassemblés pour protester contre leur expulsion de leur terre d’origine, la zone de conservation naturelle de Ngorongoro, en Tanzanie. D’après les témoignages des ONG, le gouvernement tanzanien veut les chasser pour faire plus de place aux sites de conservation, au tourisme de luxe et à la chasse aux trophées. En 2022, près de 70 000 Massaïs ont déjà été expulsés pour laisser la place à des pavillons de chasse aux trophées sur leurs terres ancestrales de Loliondo, comme l’explique Amnesty International. Pour les associations, ils seraient environ 100 000 à être menacés de déplacement forcé dans la zone de Ngorongoro.

Les témoignages recueillis font état d’intimidations, d’agressions physiques par les militaires et les agents en charge de la conservation des sites, d’arrestations, d’amendes, de restrictions à l’accès à la nourriture, au logement, à la santé, à l’éducation… Selon les autochtones Massaïs, gardiens originels de la terre, la protection de la nature se fait à leurs dépens. Ce problème n’est pas propre à la Tanzanie. Plus d’un quart de million de personnes auraient été expulsées pour donner lieu à des zones protégées entre 1990 et 2014, d’après un rapport de la Rights and Resources Initiative.