Le brûlage des gaz associés à la production de pétrole est une opération encore très fréquente. Ces pratiques représentent une part substantielle des émissions de GES de l’industrie pétrolière. Pourtant, cela fait des décennies que les États et les compagnies promettent de mettre un terme aux opérations de torchage. Mais le coût des infrastructures nécessaires pour limiter ce qui constitue également un énorme gâchis énergétique freine manifestement le passage à l’acte.
Le 20 juin 2024, la banque mondiale a publié son rapport annuel intitulé Global Gas Flaring Tracker. Selon le document, en 2023, la quantité de gaz brûlé dans le monde a grimpé de 9 milliards de m3 pour atteindre 148 milliards de m3. C’est le niveau le plus élevé depuis 2019. Cette croissance a généré l’émission de 23 millions de tonnes supplémentaires d’équivalent CO2. Les volumes issus du torchage de routine (le brûlage associé au fonctionnement normal des installations) ont augmenté de 7 %. Dans le même temps, la production mondiale de pétrole n’est montée que de 1 %.
Selon les estimations des données satellitaires analysées par la Banque mondiale, les 9 principaux pays ayant pratiqué le torchage en 2023 ont été la Russie, l’Iran, l’Irak, les États-Unis, le Venezuela, l’Algérie, la Libye, le Nigeria et le Mexique. Ces pays ont représenté environ 75 % de tout le gaz torché et 46 % de la production mondiale de pétrole. En 2023, « l’intensité » du brûlage (le volume de gaz torché rapporté à un baril de pétrole produit) se situe à peu près au même niveau qu’en 2010, soit 5 m3 par baril.
Toujours le 20 juin, l’Energy Institute a publié son 73e rapport annuel intitulé Statistical Review of World Energy. Celui-ci indique que la consommation mondiale d’énergie primaire a crû de 2 % en 2023 pour se placer 5 % au-dessus du niveau d’avant Covid. La consommation de pétrole a dépassé les 100 millions de barils par jour pour la première fois dans l’Histoire. Parallèlement, les émissions de GES ont augmenté de 2,1 % sur un an, excédant 40 gigatonnes d’équivalent dioxyde de carbone.