Il y a trois ans, des étudiants de la Harvard Medical School ont réalisé un sondage auprès de leurs camarades de classe. Ce groupe a constaté un fort intérêt à intensifier l’éducation à la santé climatique dans leurs cours. Après cela, la faculté a lancé en 2022 un programme complet sur le changement climatique pour les étudiants en médecine de première année (Students for Environmental Awareness in Medicine – SEAM). Une enquête publiée le 29 mai 2024 montre que la majorité des étudiants de Harvard qui ont participé à ce programme ont reconnu que ce dernier était utile et qu’il a amélioré leur compréhension des impacts du changement climatique sur la santé.
Il ne fait pas de doute que le changement climatique est aussi une question de santé publique. Les impacts du dérèglement climatique sur la santé peuvent se manifester de manière évidente. C’est le cas, par exemple, lorsqu’une vague de chaleur crée un stress thermique, ou quand un ouragan entraîne des blessures. Mais les effets peuvent aussi être plus complexes (impact dû à la montée des eaux, modification de la répartition des maladies transmises par les insectes comme le paludisme…).
Alors, quel est le contenu de l’éducation à la santé climatique dans la faculté de médecine de Harvard ? Dans les cours de première année « Immunology in defense and disease », les professeurs enseignent aux étudiants, par exemple, comment la hausse des températures accroît la quantité de pollens, déclenchant ainsi des allergies saisonnières plus graves chez les patients. Dans le parcours « Mind, brain et behavior », les étudiants approfondissent les liens entre changement climatique et santé mentale comme de légères augmentations de l’anxiété et des dépressions.
Les étudiants découvrent également les causes structurelles et les comportements qui ont conduit à la crise climatique et les inégalités dont sont victimes les communautés du fait du réchauffement partout dans le monde. Les étudiants doivent être capables de prendre en charge des patients tout en comprenant que leurs lieux de vie peuvent les exposer à des contextes environnementaux spécifiques. Cette approche est d’autant plus importante que les médecins comptent parmi les groupes dont la parole sur la crise climatique est considérée comme étant la plus fiable par le grand public. Ainsi, ils peuvent influencer avec efficacité les politiques publiques.
D’autres facultés de médecine intègrent désormais dans leurs cours des sujets liés au climat. C’est le cas, par exemple, de la faculté de médecine de Stanford ou de celle de l’université du Colorado, qui ont lancé des initiatives pour aider les étudiants en médecine à répondre aux menaces sanitaires liées à la hausse des températures, à la fumée des incendies de forêt, aux ouragans, etc. En 2019, un groupe d’étudiants de la faculté de médecine de l’université de Californie à San Francisco a créé le Planetary Health Report Card (PHRC). Le PHRC évalue les programmes d’études des facultés de médecine sur l’environnement et la santé, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.