Les ONG environnementales sont déçues par le règlement européen pour une industrie « zéro net »

Le 6 février 2024, le Parlement et le Conseil européens sont parvenus à un accord politique provisoire sur le règlement pour une industrie « zéro net » (Net Zero Industry Act, NZIA). Celui-ci a pour but de permettre à l’Union d’avoir la capacité de fournir au moins 40 % de la demande en technologies « zéro net » d’ici à 2030. Ainsi, ce règlement fixera les conditions pour attirer et soutenir les investissements dans ces technologies. Il facilitera aussi le développement d’apprentissages et de formations consacrés aux technologies « zéro net ».

Le règlement recense 8 technologies clés : le solaire (photovoltaïque et thermique) ; les électrolyseurs et les piles à combustible ; l’énergie éolienne terrestre et les énergies renouvelables offshore ; le biogaz et le biométhane durables ; les batteries et le stockage ; les pompes à chaleur et l’énergie géothermique ; les technologies des réseaux électriques ; le captage et le stockage du carbone. Sur ce dernier point, l’accord provisoire fixe comme objectif d’atteindre une capacité d’injection annuelle d’au moins 50 millions de tonnes de CO2 dans les sites géologiques de stockage d’ici à 2030.

Les associations écologistes se montrent toutefois insatisfaites de ce règlement. Elles lui reprochent notamment d’accorder le même niveau de soutien à des solutions coûteuses et/ou non éprouvées (énergie nucléaire, captage du carbone) qu’à des technologies disponibles ayant un impact de décarbonation démontré (technologies éoliennes et solaires, pompes à chaleur, batteries, réseaux, hydrogène renouvelable pour les secteurs ciblés). Or, le temps est compté, et les fonds publics sont très limités.

Pour les ONG, le captage et le stockage du carbone (CSC) sont présentés à tort comme un remède à toutes les émissions industrielles, alors qu’ils devraient se concentrer sur les émissions de carbone ne pouvant être évitées à la source grâce à d’autres moyens plus rentables. De plus, cette stratégie risque de maintenir la dépendance de l’Europe aux combustibles fossiles.

Quant à l’énergie nucléaire, l’exemple français pose la question de la capacité de cette technologie à répondre à l’urgence. Par ailleurs, lors d’une audition au Sénat le 8 février, le directeur exécutif des projets « nouveau nucléaire » d’EDF, Xavier Ursat, a d’ores et déjà indiqué que les 6 premiers EPR2 prévus coûteront davantage que les 52 milliards d’euros annoncés en 2021. Ce sera en particulier dû à l’inflation enregistrée ces derniers temps. Les travaux de réévaluation en cours chez EDF ne comprennent évidemment pas les imprévus qui ont été innombrables pendant la construction de l’EPR de Flamanville, toujours pas en service.