Dans un article du Financial Times daté du 1er mai 2023, Patrick Pouyanné, P.-D.G. de TotalEnergies, constate et regrette que son entreprise soit sous-cotée par rapport à ses homologues étatsuniennes. Il estime que cela est dû au fait que sa société est cotée en Europe alors que ses concurrents américains le sont à New York. Pour autant, un déplacement de la cotation de la compagnie à Wall Street est exclu. De manière générale, les entreprises européennes (TotalEnergies, Shell, BP) affichent un ratio cours/bénéfice autour de 6, tandis que les firmes étatsuniennes présentent un ratio supérieur à 11. Certaines sources comme Energy Intelligence (EI du 4 mai 2023) font valoir que cet écart pourrait résulter du fait que les groupes européens se sont davantage engagés dans la transition énergétique par rapport aux sociétés américaines.
Des investisseurs financiers étatsuniens ont déclaré à EI que les activités de transition des majors européennes étaient difficiles à comprendre, menaçaient de diluer les rendements et risquaient de les transformer en conglomérats. Or, ce type de structure n’a pas la faveur des investisseurs. De plus, les démarches vers la transition énergétique créent une volatilité des flux de trésorerie, ce qui incite à attribuer un taux d’actualisation plus élevé. Par ailleurs, les investisseurs américains appliquent moins volontiers le filtrage ESG que leurs homologues européens. À ce stade, la question est de savoir si, à l’avenir, les ratios européens rattraperont ceux des compagnies pétrogazières américaines. En attendant, compte tenu de la forte sensibilité du marché aux politiques de retour aux actionnaires, les majors européennes pourraient augmenter leurs rachats d’actions et leurs dividendes pour rendre leurs actions plus attrayantes. Mais de telles politiques auraient un impact négatif sur les capacités d’investissement en faveur de la transition énergétique.