Une étude publiée dans The Lancet montre les liens existant entre l’antibiorésistance chez les animaux d’élevage et chez les humains

Le 19 janvier 2022, la revue The Lancet a publié une vaste étude sur la résistance aux antimicrobiens dans le monde. Cette étude a été réalisée pour 23 agents pathogènes et 88 combinaisons agent pathogène-médicament dans 204 pays et territoires en 2019. Elle a conclu que l’antibiorésistance avait directement été à l’origine de 1,27 million de décès dans le monde. Ces résultats confirment d’autres études et renforcent les préoccupations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui estime que la résistance antimicrobienne pourrait être la première cause de mortalité dans le monde en 2050, avec 10 millions de victimes.

De nombreux secteurs d’activité sont concernés : la pharmacie, la grande distribution, la restauration, l’agroalimentaire… Les investisseurs socialement responsables s’intéressent à la question et interviennent sur le sujet en sélectionnant dans leurs portefeuilles les sociétés les plus vertueuses et/ou en adoptant une politique d’engagement.

Dans son numéro d’avril 2023, The Lancet Planetary Health a publié les résultats d’une nouvelle étude sur le sujet. Les chercheurs ont démontré que la consommation d’antimicrobiens par les animaux d’élevage se traduit par une augmentation des niveaux d’antibiorésistance chez l’Homme. Ils ont mis en évidence que l’inverse est également vrai. C’est la première fois qu’une telle relation est prouvée. L’étude fait ressortir d’autres facteurs de risque déterminants et interdépendants dans l’émergence et la transmission de la résistance aux antimicrobiens : la qualité des systèmes de santé, les infrastructures d’eau et d’assainissement, le produit intérieur brut par habitant et le climat. Les facteurs comportementaux jouent aussi un rôle important. C’est le cas du recours inutile aux antibiotiques pour traiter les infections virales. Des éléments liés à la santé des personnes comme l’obésité, le tabagisme et la consommation d’alcool interviennent également dans la propagation de ce phénomène.

Dans leurs conclusions, les chercheurs soulignent que la seule réduction de la consommation d’antibiotiques ne suffira pas à combattre le phénomène et plaident en faveur d’une approche beaucoup plus intégrée.