Les plantations de cacao sont présentées par les associations comme étant d’importants facteurs de déforestation et à l’origine de l’exploitation d’enfants. Sous la pression de ces organisations, les autorités européennes ont averti à de nombreuses reprises les principaux producteurs mondiaux, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, qu’elles allaient mettre en place des mesures par voie législative pour encadrer les importations de cette denrée sur le territoire de l’Union en vue de mettre un terme à ces situations. Les directives sur le devoir de vigilance et sur la déforestation importée (dont l’application a été récemment reportée d’un an) sont censées participer à cet objectif. Malgré cela, les problèmes subsistent.
Aussi, le 31 octobre 2024, 30 producteurs de cacao du Ghana ont-ils déposé une plainte auprès du mécanisme de réclamation et de recours du régulateur du pays, le Cocobod. Ils évoquent des problèmes environnementaux et sociaux, et revendiquent un revenu décent pour les agriculteurs. C’est la première utilisation de ce mécanisme depuis sa création en 2018. Le recours soulève aussi des inquiétudes concernant la déforestation, le travail des enfants et l’utilisation de pesticides. Le mandat du Cocobod lui confère un très large pouvoir sur ces questions. L’action engagée sera donc l’occasion de tester ce mécanisme de réclamation créé par le Cocobod comme condition préalable à l’obtention d’un prêt syndiqué de 600 millions de dollars organisé en 2019 par la Banque africaine de développement (BAD).
La plainte a été déposée au nom des agriculteurs par la faculté de droit de l’université du Ghana, l’organisation à but non lucratif Civic Response et le Corporate Accountability Lab, installé à Chicago. Le Cocobod a porté le prix de la tonne de cacao payé aux agriculteurs à 48 000 cedis (2 720 euros) pour la saison 2024-2025.
Mais les producteurs se réfèrent à des études montrant que seule une petite partie des agriculteurs ghanéens tirent un revenu décent de leur production de cacao. Ils demandent donc au Cocobod qu’il exige des entreprises qu’elles payent un prix plus élevé aux paysans. Cela constitue une première étape incontournable vers l’élimination du travail des enfants dans les plantations. Ils demandent aussi que le Cocobod fasse respecter les engagements des entreprises en matière de déforestation et que ces dernières garantissent que leurs chaînes d’approvisionnement soient transparentes. Enfin, ils veulent que l’institution interdise la vente de pesticides dangereux et accroisse la durabilité des exploitations agricoles.