D’après une analyse de la Dares de mars 2023 portant sur l’année 2019, 37 % des salariés en France ne se sentent pas capables de faire le même travail jusqu’à leur retraite. Selon l’étude, les métiers considérés comme étant les moins « soutenables » sont des métiers peu qualifiés et physiquement exigeants, ceux qui sont au contact du public, qui couvrent le secteur du soin ou de l’action sociale. Les professions jugées comme étant les plus soutenables sont dans l’ensemble plus qualifiées et davantage exercées dans les bureaux.
Les salariés qui sont à la fois très exposés à des risques physiques et psychosociaux sont 61 % à déclarer qu’ils ne pourront pas tenir jusqu’à la retraite. Ils ne sont que 20 % lorsqu’ils sont très faiblement exposés aux deux. Une santé dégradée a également un impact négatif sur le sentiment des salariés de pouvoir ou non pratiquer la même activité jusqu’à la retraite.
Les longues interruptions de travail sont plus fréquentes chez les salariés qui ont le sentiment de ne pas être capables de tenir jusqu’à la retraite Parmi ceux-ci, 9 % connaissent une interruption de travail d’un an ou plus dans les trois années qui suivent, contre 5 % chez les autres salariés. La fréquence des interruptions s’amplifie sensiblement en fin de carrière. Les salariés qui jugent leur travail insoutenable s’absentent aussi plus souvent pour des raisons de santé (12 jours d’arrêt en moyenne par an, contre 7 pour les autres).
Les dispositifs de prévention susceptibles d’être mis en place par les entreprises ont des effets modérés sur le sentiment de réaliser un travail soutenable. C’est le cas par exemple des informations diffusées sur les risques que le travail fait courir à la santé ou à la sécurité des personnes. Il en est de même pour les consultations des médecins du travail. La formation à la sécurité, quant à elle, ne semble avoir aucun effet.
Une organisation du travail qui favorise l’autonomie et la participation des salariés, et qui limite l’intensité du travail tend à rendre celui-ci plus acceptable. Les marges de manœuvre accordées aux salariés leur offrent une meilleure maîtrise de leur environnement de travail et minimisent les risques. Un changement de poste au sein d’un même établissement ou un changement d’établissement ont un impact positif, mais qui reste modéré. Ces formes de mobilités demeurent cependant assez rares.