La société pétrolière OMV accusée de complicité de crime de guerre pour sa participation à l’exploitation pétrolière au Soudan entre 1997 et 2003

OMV AG est une société pétrolière autrichienne. C’est l’une des principales capitalisations de la bourse de Vienne. Le 7 mai 2024, le Centre international autrichien pour l’application des droits de l’Homme (CEHRI) et le mouvement pacifiste néerlandais PAX ont annoncé qu’ils avaient déposé, le 23 avril, une plainte pénale contre d’anciens cadres supérieurs d’OMV AG pour complicité de crimes de guerre au Soudan. Entre 1997 et 2003, OMV était membre du consortium exploitant, dans ce pays, le bloc 5A opéré par le suédois Lundin. Deux anciens dirigeants de Lundin sont actuellement jugés à Stockholm pour le même motif. Leur procès devrait se poursuivre jusqu’en 2026.

En 1997, le Soudan était en pleine guerre civile. À cette époque, le gouvernement du pays avait déjà commis d’innombrables crimes et provoqué le déplacement brutal de nombreuses personnes pour faire place à l’exploitation pétrolière. Mais il ne contrôlait pas le bloc 5A. En 1998, le début des activités a déclenché un terrible conflit pour le contrôle de la région. Selon le procureur suédois, le consortium a demandé à plusieurs reprises au gouvernement soudanais qu’il engage des forces armées afin de protéger ses opérations. Des exactions ont été commises à grande échelle contre les populations (ciblage systématique des civils, bombardements aveugles, enlèvements de civils réduits en esclavage, pillages, déplacements forcés…). En 2003, dans la concession où intervenait OMV, environ 12 000 personnes avaient été tuées et 160 000 autres déplacées.

OMV aurait été informée des graves abus commis par le gouvernement soudanais pour sécuriser les opérations du consortium. OMV est accusée d’avoir sciemment accepté cela. L’entreprise nie tout acte répréhensible et souligne que c’est Lundin qui était l’opérateur. Mais OMV détenait environ 26 % des voix au sein du comité opérationnel conjoint qui supervisait la stratégie et les plans de travail. La société disposait ainsi d’une minorité de blocage dans toutes les décisions. Le comité a été régulièrement informé de la situation. La direction générale d’OMV ne s’est jamais opposée ni pris ses distances avec la manière dont le consortium était géré.