Le 27 avril 2022, le Credit Suisse a publié sa nouvelle politique pour les secteurs qui comportent d’importants risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Dans cette version, le groupe promet de ne financer aucun projet lié à l’exploration ou à l’extraction de gisements miniers dans les grands fonds marins, et de n’accorder ni prêt ni garantie aux sociétés qui sont principalement engagées dans l’exploration ou l’extraction de gisements miniers en eaux profondes.
L’exploitation des minerais en haute mer est considérée comme la nouvelle frontière par certaines entreprises (comme la TMC) et plusieurs États, et fait l’objet d’intenses tractations à l’échelle internationale. Elle est censée répondre aux besoins colossaux générés par la transition énergétique, mais aussi par le souci d’indépendance vis-à-vis de la Russie et des autres États producteurs peu fréquentables.
De leur côté, les organisations écologistes soulignent que l’état des connaissances est insuffisant pour mesurer les impacts de l’exploitation minière sur les grands fonds et pour envisager son développement. Des entreprises ont rejoint cette approche. Mais la manne est considérable. Certains observateurs estiment la valeur des seuls gisements aurifères à 150 000 milliards de dollars. Le mouvement est déjà enclenché. L’Autorité internationale des fonds marins (ISA), qui organise et contrôle les activités relatives aux ressources minérales des fonds marins en dehors des juridictions nationales, a ouvert des zones d’exploration minière dans les océans Pacifique, Atlantique et Indien. Quelques pays, parmi lesquels la Chine, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Corée du Sud, la Russie, le Japon et la France, soutiennent ce mouvement.
Hormis le Credit Suisse, cinq autres banques ont, à ce jour, pris le même engagement : les Britanniques Lloyds, NatWest et Standard Chartered, la banque néerlandaise ABN Amro et l’Espagnole Banco Bilbao Vizcaya Argentaria. C’est encore très peu. La campagne internationale Deep Sea Mining Campaign, ancrée en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Canada, s’implique de plus en plus sur le sujet. La Fair Finance Asia (FFA), quant à elle, interpelle les banques japonaises.