Applicable depuis le 25 mai 2018, le Règlement européen sur la protection des données (RGPD) ne couvre pas seulement les données collectées par les plates-formes auprès du public. Il s’applique aussi, par exemple, aux départements de ressources humaines. L’article 15 du RGPD dispose que « la personne concernée [par la collecte de données à caractère personnel] a le droit d’obtenir du responsable du traitement la confirmation que des données à caractère personnel la concernant sont ou ne sont pas traitées et, lorsqu’elles le sont, [d’obtenir] l’accès auxdites données à caractère personnel » ainsi qu’à toute une série d’autres informations.
Dans ce contexte, les organisations syndicales européennes s’inquiètent des systèmes intrusifs déployés à une large échelle par Amazon pour surveiller ses salariés, mis sous pression par le système de livraison ultrarapide du groupe. Par ailleurs, les abus dus à l’utilisation de technologies de surveillance comme des algorithmes observés dans les entrepôts a conduit l’État de Californie à adopter, le 22 septembre 2021, une loi pour encadrer ces pratiques. La culture antisyndicale de l’entreprise aggrave cette situation.
C’est pourquoi, le 14 mars 2022, des employés d’entrepôts d’Amazon en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie, en Pologne et en Slovaquie ont déposé des demandes d’accès à leurs données en vertu de l’article 15 du RGPD. Amazon dispose d’un mois pour répondre et décrire la manière dont il traite les données personnelles de ses salariés. Pour Christy Hoffman, secrétaire générale de la fédération internationale UNI Global Union, « les travailleurs ont le droit de savoir si des enregistrements vidéo et audio, des informations disponibles sur les réseaux sociaux, l’adhésion à un syndicat ou toute autre donnée collectée par Amazon sont utilisées contre eux en violation des lois européennes sur la protection de la vie privée ».