Les entreprises créent de la valeur. Mais plusieurs questions se posent : au bénéfice de qui ? Quel en est le coût réel ? Qui paye ce coût ? La crise sanitaire a accéléré les oppositions entre ceux qui soutiennent qu’une réponse pérenne et satisfaisante à ces questions s’appuie sur le partage et l’équité, et ceux qui prônent le repli sur soi et l’appropriation de ces richesses au profit d’une minorité. Cet affrontement s’exprime également au niveau politique dont le dernier exemple en date est la Birmanie. « Sans une société saine, il ne peut y avoir d’entreprise saine. » Cette phrase récemment prononcée par le directeur général d’Unilever, Alan Jope, mérite que l’on s’y arrête. Car ne pas injecter une forte dose « d’utilité sociale » dans tous les actes économiques, c’est conférer à ces actes une « neutralité politique » qui n’est qu’apparente, mais aussi prendre le risque de confier la richesse créée aux modèles politiques dominants, y compris les pires, de consolider ces régimes et de les faire prospérer.