Sur fond de contestation pour plus de justice raciale, les investisseurs américains semblent vouloir intensifier leur engagement sur le thème de la diversité, de l’équité et de l’inclusion. Ils souhaitent, entre autres, plus de transparence sur la diversité des effectifs des entreprises basées aux Etats-Unis et leur demandent de communiquer des données annuelles sur la répartition de leur personnel selon l’appartenance ethnique, le sexe, la catégorie d’emploi en se référant au formulaire EEO-1. Actuellement, seul un petit nombre d’entreprises publie ces informations, mais selon l’agence Bloomberg, la tendance semble à la hausse. En juillet 2020, la société de conseil en vote en assemblée générale, Institutional Shareholder Services (ISS), a adressé une lettre aux entreprises américaines pour leur réclamer des données sur la composante ethnique de leurs directeurs et cadres supérieurs.
Les investisseurs et les groupes de défense qui plaident en faveur d’un milieu de travail diversifié attendent désormais des preuves sur la manière dont les entreprises recrutent, retiennent et promeuvent ces talents dans toutes les fonctions de l’entreprise, mais aussi sur l’impact des produits et services des entreprises sur la diversité, l’équité et l’inclusion. Et ce d’autant plus que des études toujours plus nombreuses rapportent qu’un lien pourrait exister entre diversité et performance financière des entreprises. Dans une analyse de février 2020, la société de gestion Carlyle indiquait ainsi que la croissance moyenne des bénéfices des sociétés qu’elle détenait en portefeuille et comptant au moins deux administrateurs « issus de la diversité » avait été de près de 12 % par an supérieure à la moyenne des entreprises n’ayant aucune diversité au sein de leur conseil. Il est probable que la prochaine saison des assemblées générales des entreprises américaines confirmera la montée en puissance de ce thème. En France, un engagement similaire de la part des investisseurs reste modeste, ne serait-ce que parce que la collecte de données sur la diversité ethnique est interdite. Mais il pourrait emprunter d’autres voies. Pour Grégoire Cousté, délégué général du Forum pour l’investissement responsable (FIR), « la diversité dans les entreprises devient un enjeu déterminant et les investisseurs se sentent de plus en plus concernés par cette problématique. Les axes d’engagement restent encore à identifier avec précision, mais des réflexions sont déjà engagées sur ce terrain ».