Le 16 novembre, le New York Times a publié des extraits de 403 pages de documents internes soustraits aux instances dirigeantes chinoises. La fuite confirme la dure répression du régime à l’égard de la minorité musulmane ouïgoure basée dans la région du Xinjiang et décrit quelques-unes des méthodes utilisées ou préconisées. On apprend également que le président chinois Xi Jinping avait appelé dès 2014 à être « sans aucune pitié ». Les organisations de défense des droits humains estiment qu’au moins un million de Ouïgours et d’autres musulmans seraient aujourd’hui internés dans des camps de « rééducation » – camps que les autorités chinoises qualifient de « centres de formation professionnelle ». Par ailleurs, des enquêtes commencent à mentionner l’existence d’un travail forcé dans les usines de la région qui fabriquent des vêtements en coton (la région produit 84 % du coton chinois). Le 4 novembre, l’Australian Broadcasting Corporation (ABC) a publié sur Internet une enquête sur les approvisionnements des entreprises japonaises Muji et Uniqlo au Xinjiang. Cette enquête ne prouve pas que ces sociétés bénéficient du travail forcé, mais leurs réponses, sensées rassurer les parties prenantes, sont pour l’instant loin d’être satisfaisantes. L’enquête de l’ABC souligne d’une part, qu’il est difficile d’avoir accès à la région – et donc de vérifier que les assertions ou les velléités de contrôle avancées par les entreprises sont exactes ou sérieuses – et, d’autre part, qu’il est délicat de séparer dans le Xinjiang les méthodes coercitives des pratiques légitimes, tant la pratique de l’internement y est répandue. Quoi qu’il en soit, les mondes économique et financier semblent de plus en plus sensibilisés à la question du travail forcé sur fond de « subordination ethnique » pour les articles contenant du coton du Xinjiang et commencent à interroger des entreprises comme Ikea, GAP, Adidas ou H&M sur les garanties qu’elles apportent pour ce qui est de leurs propres approvisionnements.