Depuis le 1er janvier 2020, l’Autriche est, en principe, devenue le premier pays de l’Union européenne à interdire le glyphosate sur son territoire (IE n° 305). Mais l’application de la mesure reste tributaire des aléas politiques dans ce pays et surtout de la solidité de la toute nouvelle coalition gouvernementale « turquoise » entre les conservateurs (Österreichische Volkspartei) et les Verts (Grünen), une alliance validée par ces derniers le 4 janvier. En France, la situation est encore plus floue puisqu’après s’être engagé en 2017 à interdire l’utilisation de ce produit dans 80 % à 90 % des cas d’ici à 2020, le président Emmanuel Macron a indiqué en janvier 2019 que cet objectif n’était pas réalisable. Le tout se déroule dans un contexte européen compliqué puisqu’en 2017, l’Union a renouvelé – sur fond de division interne – la licence du principe actif du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2022. Cela étant, l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a annoncé le 9 décembre dernier que trente-six produits à base de glyphosate (sur les soixante-neuf disponibles actuellement sur le marché) « ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l’insuffisance ou de l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique ». L’agence a indiqué qu’elle entend finaliser son processus d’évaluation d’ici au 31 décembre 2020.
Ailleurs dans le monde, les restrictions en matière d’utilisation du produit se sont multipliées. On relève aussi quelques interdictions totales. Cela peut être le cas de municipalités ou de régions de certains pays (comme les Etats du Pendjab et du Kerala en Inde) ou de l’ensemble d’un territoire, comme au Vietnam (mars 2019). Le 19 décembre dernier, c’est le ministère de l’Agriculture, de la Production animale et halieutique togolais qui a signé un arrêté interdisant « l’importation, la commercialisation et l’utilisation du glyphosate et [de] tout produit le contenant ». Toutefois, l’interdiction ne s’applique pas aux produits importés au Togo avant le 31 décembre 2019, pour lesquels un moratoire de douze mois a été accordé. Parions que cette décision sera appliquée et ne sera pas neutralisée par des recours juridiques ou d’autres actions, comme cela s’est déjà produit dans de nombreux pays (tels que la Thaïlande qui a à nouveau autorisé un usage limité du glyphosate le 27 novembre dernier après en avoir annoncé l’interdiction le 22 octobre).