Le 20 novembre dernier, Microsoft a conclu avec l’armée américaine un contrat de près de 480 millions de dollars pour la fourniture de 100 000 casques intégrant la technologie de réalité augmentée sur la base de son modèle HoloLens, jusqu’alors destiné au domaine civil. Le produit final, baptisé Integrated Visual Augmentation System (IVAS), sera amélioré dans le cadre de ce contrat. Ces systèmes permettront « d’augmenter la létalité en améliorant les capacités de détection et de décision et de s’engager avant l’ennemi ». Considérant que ces systèmes sont destinés à aider à tuer des gens, plus de 250 salariés (à ce jour) ont signé une lettre ouverte adressée au président de Microsoft, Satya Nadella, et à son directeur des affaires juridiques (Brad Smith). Ils y soulignent qu’ils n’ont « pas signé pour tuer » et demandent à la direction du groupe d’annuler le contrat IVAS avec l’armée, d’arrêter de développer toute technologie d’armement et de rédiger des directives éthiques plus strictes. La direction du groupe a indiqué qu’elle maintiendra néanmoins le contrat en précisant que ces technologies servent à protéger les libertés et que les employés qui émettront le souhait de ne pas travailler sur les lunettes HoloLens pourront être affectés à d’autres projets. Comme l’a montré une affaire récente impliquant Google – le controversé projet Maven (voir IE) –, cet épisode indique que les salariés qui intègrent la finalité de l’entreprise dans le choix de leur carrière professionnelle sont de plus en plus nombreux, que ce qui touche les nouvelles technologies comporte des risques sociétaux importants et que le management de ces sociétés intègre peu ou prou ces nouvelles exigences.