La construction de gazoducs ou d’oléoducs mobilise presque toujours les associations de défense de l’environnement ou des droits humains du fait d’une large palette de problèmes : dommages et risques environnementaux majeurs, non-consentement et déplacement des populations, dédommagements dérisoires, coûts exorbitants des projets, incitation à la consommation d’énergie fossile… Les exemples sont nombreux : oléoduc Tchad-Cameroun, gazoduc reliant le gisement de Yadana (Birmanie) à la Thaïlande, Trans Mountain (Canada), Dakota Access Pipeline (Etats-Unis), Bakou-Tbilissi-Ceyhan (Asie centrale), Trans Adriatic Pipeline (Asie centrale, Europe méditerranéenne), etc. L’oléoduc qui doit acheminer le pétrole ougandais au port de Tanga en Tanzanie (East African Crude Oil Pipeline, EACOP) fait également partie des projets controversés. Sa longueur doit atteindre 1 443 km et son coût avoisiner 3,5 milliards de dollars. Son financement sera assuré à 30 % par les trois sociétés pétrolières membres du consortium – le chinois CNOOC, le britannique Tullow Oil et le français Total – et les gouvernements ougandais et tanzanien, et à 70 % par des prêts. Les banques Stanbic Uganda (filiale de la banque sud-africaine Standard Bank Group) et Sumitomo Mitsui Banking Corp. sont chargées de constituer le pool bancaire. Selon le président de Stanbic, le tour de table devait être bouclé en juin.
Le groupe Total ayant très souvent été critiqué pour ses projets, il a, pour désamorcer les attaques en amont, organisé, le 25 janvier, une formation pour les journalistes de la Bunyoro South Journalist Association (Busoja) dans le district de Kakumiro (sur le trajet de l’oléoduc). L’objectif de cette formation était d’accroître les connaissances économiques, le professionnalisme et l’éthique professionnelle des stagiaires, afin qu’ils couvrent « factuellement et objectivement » et « d’une seule voix » les opérations pétrolières et qu’ils ne diffusent pas de « fausses informations ». Les organisateurs de la formation ont également exprimé le désir de voir les journalistes de la région bénéficier des programmes sociaux mis en place par le gouvernement et utiliser les activités pétrolières pour améliorer leur bien-être. D’autres associations locales de journalistes de la région ont été formées (Nebbi Media Association, Hoima Media Association).