Ce n’est pas faire preuve d’un pessimisme excessif que de dire que l’année 2018 n’a guère apporté d’éléments réjouissants à l’état du monde, à la situation de l’environnement et aux relations entre les nations. Chacun essaye de conserver ou de récupérer sa part du gâteau, parfois au détriment du voisin, de la justice sociale ou de l’environnement naturel. La crise sociale que la France traverse actuellement ne fait que traduire un sentiment qui grandissait depuis plusieurs années, même si elle mériterait que l’on s’y arrête plus longuement afin d’analyser des situations multiples et l’influence des spécificités nationales. Une chose est sûre : si une goutte a fait déborder le vase, c’est que le vase était déjà bien plein. Bon nombre de personnes ont pris conscience que le coût et les bénéfices de la transformation – peut-être sans précédent – de notre société ne sont pas répartis d’une manière juste. La transformation devrait sans doute encore durer plusieurs années.
A la fin du siècle dernier, Didier Pineau-Valencienne, alors président du groupe Schneider, disait, dans le cadre d’une interview accordée au magazine L’Usine nouvelle, « que les entreprises françaises [avaient] fait beaucoup de choses pour favoriser la création de richesses [et avaient] rudement mal communiqué ». Par cette remarque, il manifestait son étonnement après les résultats d’un sondage réalisé dans quatre pays européens, selon lequel 70 % des Européens considéraient que les intérêts des entreprises et ceux de la population de leur pays n’allaient pas dans le même sens, tandis que 64 % d’entre eux estimaient que les entreprises ne s’étaient pas préoccupées de limiter les conséquences de la crise sur la situation des individus. Vingt ans plus tard, la question reste d’actualité, de manière plus exacerbée. Mais sans doute ne s’agit-il pas d’un simple problème de communication…