En 2012, la compagnie pétrolière britannique Tullow Oil a découvert d’importantes réserves de pétrole, estimées à 750 millions de barils, dans l’une des régions les plus pauvres du Kenya, le comté de Turkana, dont 90 % des habitants (soit 1,17 million de personnes) vivent sous le seuil de pauvreté. Bénédiction pour les uns (grâce aux recettes fiscales), malédiction pour les autres, qui craignent surtout d’hériter des inconvénients de l’exploitation de l’or noir (pollution, pression sur les ressources hydriques, limitation de l’accès aux pâturages…) sans bénéficier des avantages, en particulier financiers, qui sont souvent, dans pareil cas, transférés au gouvernement central. Après d’âpres discussions entre le gouverneur du comté, Josphat Nanok, et le pouvoir central, le Parlement kenyan s’est rangé aux exigences du gouverneur en acceptant d’octroyer 20 % des revenus du pétrole aux autorités locales et 10 % aux communautés locales. Reste maintenant à recueillir le consentement libre, préalable et éclairé (CLIP) des populations pour toutes les opérations qui seront menées par Tullow Oil, comme le prévoit le règlement de la Société financière internationale (SFI, une filiale de la Banque mondiale) qui a participé au financement du projet. Or si des améliorations ont été enregistrées depuis un an, des progrès doivent encore être réalisés, comme le relève un rapport de l’association Oxfam publié au début du mois de novembre 2017.