La presse officielle qatarie a annoncé, le 25 octobre, que le pays, très critiqué pour son système d’« accueil » des migrants reposant sur la kafala, allait engager une réforme de sa législation du travail et présenter un rapport en ce sens à l’Organisation internationale du travail (OIT). Celle-ci doit en effet décider dans quelques semaines si elle déclenche ou non une mission d’inspection au Qatar (une démarche rarissime de la part de l’organisme international). Les mesures n’ont pas été entièrement dévoilées, mais devraient aboutir, entre autres, à la création d’un salaire minimal, à la possibilité, pour des inspecteurs formés, de contrôler les conditions de travail, au traitement de la question des restrictions imposées aux migrants quant au changement d’employeur, à la suppression de l’interdiction de quitter le pays sans l’accord de l’employeur. Méfiantes, les associations de défense des droits humains attendent que les promesses s’inscrivent réellement dans la loi et dans son application effective. Pour l’heure, les conditions de travail des travailleurs migrants dans les pays du Golfe restent déplorables et les salaires versés ne leur permettent même pas de répondre aux besoins de leur famille restée au pays. Le 31 octobre dernier, le corps de Chittam Malaya (quarante-cinq ans), qui travaillait à Dubaï depuis treize ans, a été remis à ses proches, qui vivent à Kalleda, un village de 5 000 habitants dans l’Etat du Telangana (Inde). C’est le deuxième ouvrier du village mort à Dubaï depuis septembre. Et depuis 2014, près de 450 travailleurs migrants indiens sont revenus chez eux dans un sac mortuaire, victimes des mauvaises conditions de travail et de la chaleur caniculaire.