L’Australie mène une politique d’immigration très dure, critiquée par l’Organisation des Nations unies et les associations de défense des droits humains. Sa marine repousse systématiquement les bateaux clandestins. Par ailleurs, les réfugiés qui parviennent à gagner ses côtes sont placés dans des centres de rétention offshore, parmi lesquels le camp de l’île de Manus rattachée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. En avril 2016, la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a déclaré ce « centre régional de détention » illégal et anticonstitutionnel, une décision qui a conduit l’Australie à accepter de le fermer. Mais 829 demandeurs d’asile sont encore retenus sur l’île. En décembre 2014, le cabinet d’avocats britannico-australien Slater & Gordon avait engagé devant la Cour suprême de l’Etat de Victoria, pour le compte de réfugiés, une action de groupe contre le gouvernement australien et les sociétés de sécurité G4S et Broadspectrum (aujourd’hui détenue par le groupe espagnol Ferrovial) chargées d’assurer la gestion, le soutien médical et la sécurité du camp. L’action collective a été rejointe par 1 905 hommes ayant été détenus pendant des durées variables entre le 21 novembre 2012 et le 12 mai 2016. Dans leur requête, les plaignants demandent réparation pour les exactions physiques, sexuelles et psychologiques systématiques dont ils ont été victimes de la part du personnel des sociétés ou des habitants de l’île et pour avoir été détenus de manière illégale. Afin d’éviter un long et coûteux procès, le gouvernement australien a accepté, le 14 juin dernier (premier jour du procès), de verser, avec les sociétés incriminées, 70 millions de dollars australiens (48 millions d’euros environ) pour dédommager les victimes, dommages et intérêts auxquels s’ajouteront les frais de procédure qui pourraient s’élever à 20 millions de dollars australiens. L’Australie a néanmoins refusé de reconnaître sa responsabilité.