Le 16 mai, la Commission européenne a proposé d’autoriser à nouveau la mise sur le marché européen pour dix ans du glyphosate (l’herbicide le plus vendu sur la planète, notamment à travers le Roundup, produit phare de Monsanto) après que l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a rendu, le 15 mars, un avis selon lequel « il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l’Homme ». Mais cette substance chimique continue de faire polémique et la commission de l’environnement du Parlement européen a adopté le 30 mai une question avec demande de réponse orale de la Commission sur la procédure en cours pour cette nouvelle autorisation, ce qui a eu pour effet de repousser le vote. De plus, quatre eurodéputés ont saisi la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), au motif que l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) n’avait divulgué que partiellement le contenu des études sur lesquelles elle s’était appuyée pour conclure, en 2015, que le glyphosate n’était probablement pas cancérogène. Selon les plaignants, il manque en effet des éléments déterminants, comme la méthodologie et les conditions d’expérimentation. De son côté, le Dr Christopher Portier, ancien directeur du programme américain de toxicologie, a dénoncé dans une lettre adressée le 28 mai au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, les conclusions des études de l’EFSA et de l’ECHA. La bataille sur les effets du glyphosate ne cesse d’enfler depuis qu’en mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a classé ce produit comme probablement cancérogène pour l’Homme. Outre-Atlantique, les conclusions du CIRC ont du reste conforté les plaignants des actions collectives intentées contre Monsanto et incité la cour de San Francisco à ordonner la déclassification, le 27 février dernier, d’une série de documents internes du groupe. Certains échanges de courriels laissent penser que des dirigeants de Monsanto auraient donné leur feu vert pour que leur entreprise rédige une étude, qui aurait ensuite été endossée par une autorité scientifique externe afin de contrer tout soupçon ultérieur sur la génotoxicité du glyphosate.