Dénoncée depuis des décennies par les associations et les syndicats, la progression des inégalités est désormais devenue un sujet de préoccupation pour les milieux économiques. Ainsi, le 21 mai, lors de la présentation du dernier rapport de l’OCDE, Tous concernés : pourquoi moins d’inégalités profite à tous, Angel Gurría, le secrétaire général de l’institution, a indiqué que depuis qu’elles étaient mesurées, les inégalités dans les pays de l’OCDE n’avaient jamais été aussi élevées et « que l’action politique devrait être motivée tant pour des raisons économiques que pour des raisons sociales ». Sans compter la nécessité d’assécher un terrain favorable à la désagrégation des communautés. Le vote à l’unanimité par le Parlement français, le même jour, d’une loi consistant à empêcher les grandes surfaces de jeter de la nourriture constitue-t-il un élément de réponse à cette situation ? Pas vraiment. Tout d’abord, parce que le gaspillage à ce niveau de la chaîne ne représente que 5 % environ des pertes de la filière, le reste étant produit en aval (chez les consommateurs) et en amont (au niveau de la production, du transport, du stockage…). Ensuite, parce que les mécanismes qui expliquent les pertes observées en amont visent à compenser les effets sur les coûts et les prix de la surexploitation des ressources dont sont écartées un nombre croissant de personnes. Ce qui conduit justement à un accroissement des inégalités.