Initiés au milieu des années 90, les audits sociaux commandités par les donneurs d’ordre chez leurs sous-traitants ont été très tôt critiqués par les ONG et les syndicats : audits payés par les commanditaires ou les sous-traitants (certaines sociétés pouvant même avoir pour client une seule société commanditaire), interventions annoncées à l’avance (permettant à la direction des sociétés auditées d’avertir les ouvriers des conséquences négatives que pourrait avoir sur leur emploi un avis défavorable et de “ préparer ” l’audit), absence de confidentialité (interprètes financés par la direction)… Mais l’un des principaux reproches était l’absence d’implication sérieuse des ONG locales, ainsi que des salariés ou de leurs représentants. Cette critique reste d’actualité et constitue l’un des principaux constats d’un rapport publié le 24 avril par la confédération syndicale américaine AFL-CIO. Le rapport met en avant l’échec des principaux organismes de certification sociale dans leur mission qui consiste à garantir le respect des droits sociaux fondamentaux et décrit plusieurs cas de sites qui, bien qu’ayant bénéficié de certificats, ont été le théâtre de graves violations des droits sociaux ou de tragiques accidents. Les auteurs du document avancent également plusieurs suggestions, parmi lesquelles une meilleure implication des travailleurs et de leurs représentants, ceux-ci étant les mieux à même d’apprécier les conditions de travail, un renforcement de la capacité de négociation au niveau local, national et international, et une plus grande transparence quant aux résultats des audits.