En quarante ans, les populations d’espèces sauvages de la planète ont été réduites de moitié. A-t-on vraiment pris la mesure de la gravité de la situation présentée le 30 septembre dernier par l’association WWF au siège de l’Unesco ? Cela n’est pas certain, car la situation s’aggrave, y compris dans les aires terrestres protégées, pour lesquelles l’indice planète vivante (IPV) élaboré par le WWF et ses partenaires s’est dégradé de 18 %. Dans les rapports de développement durable des entreprises, la biodiversité reste de fait un des sujets les moins bien traités. Pour évacuer cette question, les groupes avancent souvent que leurs implantations sont à l’extérieur ou éloignées des zones de biodiversité remarquables. Ils négligent ainsi les impacts indirects que leurs activités peuvent avoir sur la biodiversité, par exemple à travers la restauration collective (produits de la mer, origine des denrées issues de l’agriculture et de l’élevage) ou la déforestation (approvisionnements en papier, carton, emballages). La biodiversité ordinaire est aussi largement négligée. Son importance est pourtant de plus en plus reconnue, y compris dans les zones très minéralisées comme les villes et les zones industrielles ou commerciales. Un entretien avisé des espaces verts peut limiter la fragmentation des habitats et le déclin des populations d’insectes pollinisateurs. Des « gestes » simples, mais qui peinent encore à devenir des réflexes.