En novembre 2018, la plate-forme communautaire de location de logements Airbnb avait indiqué son intention de retirer de ses annonces les logements situés dans les colonies israéliennes de Cisjordanie. Mais elle a dû faire face à plusieurs recours collectifs à Jérusalem et devant les cours fédérales du Delaware et de Californie. Aux États-Unis, les plaignants accusaient Airbnb d’avoir violé la loi américaine contre la discrimination en matière de logement. Aussi l’entreprise a-t-elle annoncé, le 9 avril 2019, qu’elle revenait sur sa décision.
Le 10 juin 2025, le Global Legal Action Network (GLAN), Sadaka Ireland (The Ireland Palestine Alliance) et l’association palestinienne de défense des droits humains Al-Haq ont annoncé qu’ils avaient lancé des actions en justice concertées contre Airbnb à propos de ses activités en Cisjordanie. Les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens ont, en effet, été déclarées illégales par la Cour internationale de justice (CIJ). Ces ONG affirment que plus de 300 propriétés sont actuellement proposées à la location dans ces territoires par Airbnb. Certaines d’entre elles ont été confisquées lors de la Nakba, qui aurait expulsé près d’un million de Palestiniens de leurs foyers.
Cette action multi-juridictionnelle a commencé en 2023 contre la filiale irlandaise d’Airbnb. Elle est toujours en cours d’examen par la Haute Cour. GLAN et Al-Haq ont ensuite déposé une plainte pénale contre Airbnb auprès de l’Agence nationale de lutte contre la criminalité du Royaume-Uni pour blanchiment d’argent présumé lié à la collecte par l’entreprise de loyers dans les colonies israéliennes. GLAN a également officiellement demandé à la société mère d’Airbnb aux États-Unis de conserver les documents relatifs à l’implication de la firme dans les colonies (preservation letter). Il s’agit de la première étape d’une procédure engagée en vertu de la loi américaine sur l’entraide judiciaire à l’étranger (Foreign Legal Assistance Act) et visant à obtenir la communication de documents susceptibles d’étayer les actions irlandaises et britanniques.
Les plaignants soutiennent que les colonies israéliennes constituent un crime de guerre, car elles violent les Conventions de Genève et plusieurs déclarations internationales. De ce fait, les organisations affirment qu’Airbnb facilite les affaires et manipule de l’argent provenant de crimes de guerre, ce qui est considéré comme du « blanchiment d’argent » selon des lois britanniques et irlandaises. Cette démarche est à rapprocher d’une plainte déposée contre Booking.com par quatre associations, dont Al-Haq, et rendue publique en mai 2024.