Le surpoids et l’obésité continuent de progresser dans le monde. Les mesures pour contrer cette épidémie peinent à s’imposer

Malgré les alertes et les quelques initiatives prises ici ou là, le surpoids et l’obésité ne cessent de progresser dans le monde. Le 8 mars 2025, la revue The Lancet a publié une nouvelle étude financée par la fondation Bill et Melinda Gates sur cette question. Les chercheurs ont évalué la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les personnes âgées de 25 ans et plus dans 204 pays et territoires. L’étude estime qu’en 2021, il y avait 1 milliard d’hommes adultes et 1,11 milliard de femmes adultes qui étaient en situation de surpoids ou obèses. Leurs fréquences par rapport à leurs populations mondiales de référence étaient de 46,7 % pour les femmes et de 43,4 % pour les hommes. Les prévalences les plus élevées ont été observées dans les pays d’Océanie, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Entre 1990 et 2021, les taux de prévalence ont augmenté dans tous les pays. Elle s’est accrue de 155,1 % chez les hommes et de 104,9 % chez les femmes. En supposant que les tendances se poursuivent, l’étude prévoit que d’ici 2050, le nombre total d’adultes vivant en surpoids ou en situation d’obésité atteindra 3,8 milliards (dont 1,95 milliard de personnes obèses), soit plus de la moitié de la population adulte mondiale probable à cette époque. Les 4 pays les plus touchés seront alors : la Chine (627 millions de personnes), l’Inde (450 millions), les États-Unis (214 millions) et le Nigeria (141 millions).

Cette tendance a des effets néfastes sur la santé. Les gouvernements essaient de mettre en place des mesures pour limiter la progression de cette épidémie, mais elles sont souvent combattues par des associations professionnelles.

Au Nigeria, l’un des pays les plus exposés, la loi de finances avait par exemple instauré en 2021 un prélèvement de 10 nairas (0,006 euro) par litre de boisson sucrée (Sugar-Sweetened Beverage, SBB) en 2022 afin de limiter la prévalence de l’obésité et le diabète. Mais, le 28 octobre 2022, plusieurs organisations patronales ont porté plainte auprès de la Haute Cour fédérale d’Abuja au sujet de cette mesure. Le 30 janvier 2025, cette instance a suspendu cette possibilité de collecte. Elle a précisé que le service des douanes du Nigeria n’avait pas la légitimité pour prélever les droits d’accise sur les boissons non alcoolisées et sucrées, et que la circulaire l’autorisant, émise en 2022 par le ministre des Finances, allait au-delà de ses compétences et était donc invalide.

En Europe, selon une enquête récente de la cellule investigation de Radio France, la Commission européenne aurait, sous la pression d’associations patronales, abandonné le projet de rendre le Nutri-Score (un label qui vise à reconnaître facilement la valeur nutritionnelle d’un produit) obligatoire au sein des 27 pays membres de l’Union. En revanche, le 14 mars 2025, le gouvernement français a validé la nouvelle version du Nutri-Score au plan national. Cette nouvelle version est plus sévère que la précédente à l’égard de certains produits alimentaires transformés. Elle prend aussi en compte la présence d’édulcorants dans les boissons et améliore la classification des poissons gras et des huiles moins riches en acides gras saturés. Certains industriels avaient exprimé leur désapprobation vis-à-vis de la nouvelle mouture de ce label, alors que d’autres ainsi que plusieurs acteurs de la grande distribution l’avaient soutenue.