En septembre 2024, Politico a publié une enquête menée dans la région où TotalEnergies développe l’un de ses plus grands projets gaziers (Mozambique LNG). Le projet est actuellement gelé à cause du conflit meurtrier qui oppose l’armée mozambicaine et ses alliés à Al-Shabab, un groupe armé affilié à l’État islamique. Cette enquête révèle que l’armée régulière aurait, au cours de l’été 2021, séquestré, torturé, violé et exécuté sommairement plusieurs dizaines de réfugiés (hommes et femmes) soupçonnés de soutenir la rébellion. Ces événements auraient eu lieu à proximité des installations du groupe pétrolier. D’après le journaliste Alex Perry, qui a recueilli plusieurs récits auprès de témoins et survivants de ces exactions, TotalEnergies ne pouvait pas ne pas être au courant de ces faits. L’entreprise dément et affirme qu’aucun membre du personnel n’était présent sur le site à ce moment.
Le 5 mars 2025, Politico a rapporté que, le 4 mars, le ministre néerlandais des Finances avait annoncé au Parlement néerlandais qu’il avait demandé à un tiers de « mener une analyse sur les violations présumées des droits de l’Homme commises par les forces de sécurité mozambicaines dans le cadre du projet de gaz naturel liquéfié au Mozambique ». Cette enquête examinera le rôle des différents acteurs de la sécurité dans la région ainsi que leur relation avec TotalEnergies.
En 2021, l’agence néerlandaise de crédit à l’exportation Atradius DSB a accordé une assurance-crédit à l’exportation de 1 milliard d’euros pour garantir les travaux de l’entreprise néerlandaise de dragage Van Oord sur le projet de TotalEnergies. Elle a suspendu ce soutien pendant que le projet est en veille. Les résultats de l’enquête seront présentés au Parlement avant que le gouvernement ne décide de prolonger ou non le soutien au projet. Van Oord a cependant repris ses activités de dragage. D’après le média SourceMaterial, le ministère des Finances néerlandais a déclaré qu’il était au courant que l’entreprise poursuivait ses travaux, mais qu’elle n’était pas couverte par l’assurance-crédit à l’exportation dans la mesure où la réévaluation du projet était en cours.
Pour sa part, le bureau du procureur général du Mozambique a également lancé une enquête le 4 mars à l’égard des membres des services de sécurité qui gardaient les installations de TotalEnergies à propos des allégations d’enlèvement, de viol et de meurtre.
Ces nouveaux éléments compliquent encore un peu plus le financement et le redémarrage de ce projet de 20 milliards d’euros dont les premières productions ne devraient désormais pas avoir lieu avant 2029. Début janvier 2025, le Financial Times avait rapporté que, de son côté, le gouvernement britannique cherchait un avis juridique pour savoir si l’engagement pris par l’agence britannique UK Export Finance (UKEF) était toujours contraignant. L’agence avait confirmé en août 2021 qu’elle participait au financement du projet Mozambique LNG à hauteur de 1,15 milliard de dollars.