L’usine de Kanchipuram (Tamil Nadu, Inde) emploie environ 5 000 salariés, dont 1 500 seulement bénéficient d’un contrat permanent. Le 9 septembre 2024, plus de 1 000 permanents ont entamé une grève illimitée. Ils réclamaient notamment une augmentation de leurs salaires, des journées de travail ramenées à 8 heures et la reconnaissance officielle de leur syndicat constitué en juin, le SIWU (Samsung India Workers Union). La grève a été interrompue le 16 octobre, après que Samsung a accepté de discuter avec les travailleurs de leurs revendications en matière de salaires et de conditions de travail.
Mais à la suite de la création du syndicat, la direction de Samsung a saisi la justice, arguant que l’inclusion de son propre nom dans celui du syndicat violait la réglementation relative aux marques. En conséquence, le gouvernement du Tamil Nadu a indiqué qu’il ne pouvait pas enregistrer le nouveau syndicat dans le délai de 45 jours prescrit par la loi, car il devait attendre que le tribunal de l’État examine la requête de Samsung. En septembre 2024, les salariés ont fait appel devant la Haute Cour de Madras. Celle-ci a rendu son jugement le 5 décembre, ordonnant au greffier de se prononcer sur la demande d’inscription du syndicat dans un délai de 6 semaines. Finalement, le ministère du Travail du Tamil Nadu a officiellement enregistré le SIWU le 27 janvier 2025.
Durant le conflit, Samsung n’a pas eu de contacts directs avec les travailleurs en grève. En revanche, en octobre 2024, la direction a signé un protocole d’accord avec un petit groupe de salariés qui n’avaient pas participé à la grève ni aux manifestations. Samsung a appelé ce groupe le « Comité des travailleurs ». Toutefois, le CITU, la centrale nationale à laquelle le SIWU est rattaché, et les salariés en grève ont rejeté l’accord. Ils ont affirmé que le protocole avait été dicté lors d’une réunion avec le gouvernement du Tamil Nadu et Samsung à des ouvriers qui avaient été sélectionnés.
La reconnaissance du SIWU n’a pas pour autant permis d’apaiser les relations entre les salariés et la direction de Samsung. Le 31 janvier 2025, pendant leur pause-déjeuner, trois responsables du SIWU ont demandé au département des ressources humaines l’autorisation de rencontrer le directeur général de Samsung pour aborder les problèmes des mauvais traitements infligés aux employés. Les RH ont rejeté leur requête, et le 4 février, Samsung a suspendu sans préavis les trois dirigeants, les accusant d’avoir interrompu la production le 31 janvier pendant une demi-heure. En réponse, les salariés ont organisé des sit-in, des manifestations et des débrayages. Entre autres griefs, le SIWU accuse également l’entreprise de le discréditer au bénéfice d’une représentation de salariés parrainée par la direction.
Des négociations étaient prévues le 19 février. Mais elles n’ont abouti à aucun résultat positif. Au lieu de cela, la direction est revenue sur ses engagements de 2024, a procédé à de nouveaux recrutements de travailleurs sous contrat et, le 20 février, a suspendu 14 autres syndicalistes. De fait, le CITU a décidé d’intensifier la protestation. Il a déclaré qu’il organiserait une manifestation générale dans les 58 unités industrielles de Kanchipuram à partir du 8 mars.