Un tribunal allemand va se prononcer sur une éventuelle responsabilité de RWE dans le risque de débordement d’un lac andin à cause du changement climatique

La ville péruvienne de Huaraz, située dans la cordillère des Andes, est menacée par le débordement du lac glaciaire Palcacocha, qui est alimenté par la fonte accélérée du glacier situé au-dessus de la ville, à quelque 4 500 mètres d’altitude. Le 24 novembre 2015, Saúl Luciano Lliuya, un agriculteur local et guide de montagne, a intenté une action en justice devant le tribunal de première instance d’Essen (Allemagne) contre l’énergéticien allemand RWE. Son recours visait à tenir RWE en partie responsable de la fonte des glaciers andins et de l’augmentation des risques de débordement du lac sur sa ville. Il a été débouté le 15 décembre 2016. Mais, le 13 novembre 2017, la Haute Cour de justice de Hamm a décidé que la plainte était juridiquement fondée.

Ce sont finalement les 17 et 19 mars 2025 que le tribunal de Hamm tiendra son audience. Saúl Luciano Lliuya est soutenu par l’organisation Germanwatch. Les évaluations des experts mandatés par le tribunal et les parties qui se sont rendus sur place en mai 2022 seront au cœur de l’audience. Environ 50 000 personnes vivent dans la zone susceptible d’être touchée par un brusque débordement du réservoir naturel. Saúl Luciano Lliuya souhaite que RWE participe aux mesures visant à protéger les habitants d’une telle catastrophe. La contribution de l’énergéticien serait proportionnelle à sa part dans les émissions mondiales de GES, soit 0,47 %. Cela coûterait 17 000 euros à l’entreprise.

Cette action, fondée sur l’article 1004 du Code civil allemand, a pour but de déterminer si les plus grands émetteurs de GES du monde doivent ou non financer la protection des personnes atteintes par les conséquences de la crise climatique à proportion de leur contribution à l’effet de serre. Si le tribunal conclut qu’il existe un risque d’inondation suffisant pour la propriété de Saúl Luciano Lliuya, il devra se prononcer sur une deuxième question : dans quelle mesure le risque est-il attribuable aux rejets de GES de RWE ? À l’issue de l’audience de mars, le tribunal fixera probablement une nouvelle date pour communiquer sa décision concernant la première question. Soit il prononcera un rejet, soit il annoncera une nouvelle procédure pour répondre à la deuxième question.